Des sols en santé, pourquoi est-ce important?

Publié le 18 avril 2013

par Annie Bettez, experte-conseil en agroenvironnement

Les défis en agriculture sont nombreux, vous le savez. Un de ceux-là, et il est d’envergure mondial, est de nourrir le monde (d’ailleurs, c’était le thème du 5e Congrès mondial des agronomes, tenu au Québec cette année). Dans un contexte de rareté grandissante des ressources et de fragilité de nos écosystèmes, le défi n’est pas seulement de produire plus de nourriture, mais aussi de produire mieux, dans le respect de l’environnement et des personnes. Cela passe impérativement par la protection et la conservation de la santé de nos sols, ressource première en agriculture.

De plus, un facteur comme les changements climatiques va amener son lot de difficultés supplémentaires comme en témoigne le professeur Dr. Pennock de l’Université de la Saskatchewan, lors d’une conférence de l’Association québécoise des spécialistes en sciences du sol:

« Malgré le fait que tous les types de sols ont des caractéristiques différentes, le fait de les cultiver leur donne tous des caractéristiques communes : une porosité réduite dans la couche travaillée et une différentiation hydrologique entre les couches travaillées et le sous-sol. Les plus grands défis avec les changements climatiques sont la fréquence et les écarts entre les événements climatiques (plus de pluie, mais des intervalles de sécheresse plus importants entre deux pluies). Plus nos sols seront vulnérables à l’érosion hydrique et éolienne, plus nous serons perdants en bout de piste. Toutefois, ces impacts peuvent être considérablement réduits par une gestion qui favorise une meilleure santé de nos sols. »

Qu’est-ce qu’un sol en santé?

Plusieurs facettes du sol doivent être analysées. Au-delà, de l’analyse chimique qui nous indique le degré de fertilité du sol, il faut étudier ses caractéristiques physiques et biologiques: sa structure, sa porosité, la présence d’une zone compactée ou d’activité biologique, etc. Il existe une seule façon d’obtenir ses renseignements : creuser le sol (profilage).

Comment conserver un sol en santé?

La première chose à faire pour le conserver, c’est de le garder sur vos terres. En effet, limiter son érosion va aider grandement. En renforçant la structure du sol, en favorisant l’infiltration d’eau et couvrant le sol, nous allons limiter leur érosion.

Un autre point à faire très attention, c’est la compaction. Il faut tendre à limiter les passages de la machinerie et quand passage il y a, privilégier un passage sur sol sec et bien portant (travail du sol en conditions d’humidité favorables).

Voici une liste de pratiques de conservation qui vous permettront  d’atteindre votre objectif d’améliorer la santé de vos sols : apport de matière organique, rotation de culture, chaulage, travail réduit et semis-direct, cultures intercalaires et engrais verts, présences de résidus de culture, avaloirs et bandes riveraines.

En conclusion, l’agriculture intensive prendra de plus en plus de place dans l’avenir. En regard du passé (dégradation et érosion des sols), elle devra être gérée de façon de plus en plus compétente afin de réduire les risques environnementaux associés à la qualité de l’eau, de l’air et des sols. Cette évolution, comme dans tous les domaines confondus, est nécessaire. Toutefois, il est toujours bon de revenir à la base. Et la base en agriculture, c’est votre sol. Connaissez-vous bien ses caractéristiques? Est-il en santé ou détérioré? Il peut être possible d’arriver à compenser un mauvais état de sol, mais à quel prix (finance/environnement) ? N’oubliez jamais que la base de la productivité d’un sol, tout comme l’être humain, c’est la santé!