Comment ça va?

Publié le 30 novembre 2017

 

Ch. avicole 2

« Comment ça va? » Petite phrase qui peut sembler banale, mais qui cache, selon la légende, toute une signification liée au trône royal. Certains prétendent que « comment ça va? » était une expression raccourcie de « comment allez-vous à la selle? », utilisée autrefois par le médecin lorsqu’il s’adressait au roi. C’était à l’époque une question importante pour établir un diagnostic assez simple de la santé du roi, — le constipé ou le diarrhéique étant probablement considéré en moins bonne santé. Aujourd’hui on pourrait dire « Comment va la santé. »

On peut en rire et ne pas y croire, que l’on parle de l’humain ou d’animaux, il y a une certaine logique dans ce qui est mentionné plus haut. Vérifier l’état des selles (ou des fientes) de nos animaux ou poulets a toute sa valeur! Un poulet en santé fera une belle petite « tuque » assez ferme, caractéristique de son espèce. Ou encore, les fientes auront une couleur brune et une texture lisse et crémeuse, distinctives des fientes caecales. Si on voit des déjections de caecum remplies de gaz ou de liquide, il faut approfondir l’observation. Les selles normales doivent être fermes, sans contenir trop de particules non digérées. Si les fientes sont molles et contiennent une grande quantité de particules de nourriture non digérée et qu’elles sont entourées d’un film humide, gras ou huileux, c’est le signe d’une mauvaise santé digestive et peut être la résultante d’une entérite ou de la coccidiose. Bien sûr, si on trouve seulement un exemplaire d’une mauvaise déjection dans le poulailler, il n’y a pas trop à s’en faire. Mais si celle-ci se répète, ça mérite un diagnostic plus poussé.

Aujourd’hui, les oiseaux grossissent beaucoup plus vite que leurs ancêtres, et ceci est la résultante d’un passage et d’une digestion plus rapides des aliments dans l’intestin. Par contre, afin de maximiser cette digestion, tout doit être pris en compte dans le poulailler. J’ai déjà parlé dans les derniers articles de la qualité cruciale de l’eau d’abreuvement des oiseaux. Une qualité non optimale peut favoriser l’introduction de pathogènes dans l’intestin. Ceux-ci exerceront un stress physiologique aux cellules intestinales menant à une certaine forme d’inflammation, causant le changement d’intégrité des fientes. On peut penser aussi à un déséquilibre de la flore, permettant aux coccidies de pénétrer dans les cellules de l’intestin, ou à la prolifération de bactéries telles Clostridium, qui induiront l’entérite nécrotique. Ces années-ci, on peut aussi pointer du doigt les bactéries de la famille entérocoque, qui traversent la paroi de l’intestin à la suite d’un débalancement de la flore intestinale, d’une inflammation ou d’un stress. Celles-ci se retrouveront à l’intérieur du système sanguin et iront se loger à des endroits particuliers pour causer, entre autres, des problèmes locomoteurs.

La composition et la digestibilité de l’aliment servi aux oiseaux peuvent aussi être responsables des changements d’aspect des fientes. Qu’on pense au mûrissement des céréales dans nos champs actuellement, comme le maïs qui est en retard au moment d’écrire cet article (17 septembre). Un maïs mûr est beaucoup plus digestible que celui qui n’a pas atteint sa maturité. La présence de toxines de champignons dans les aliments est aussi à considérer et doit être surveillée. De plus, l’accumulation de poussière dans les plats peut amener un déséquilibre dans les ingrédients ingérés par certains oiseaux du poulailler et causer une perturbation de l’intestin. Une bonne régie de la mangeoire est à préconiser, comme laisser les oiseaux vider les plats régulièrement (voire parfois tous les jours).

Finalement, plusieurs autres facteurs de régie ou virus peuvent être en cause. Il s’agit de les identifier pour que ça aille mieux…

François Lefebvre, agr., M.Sc.