Chronique des grains:État de la situation

Publié le 20 février 2017

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15 janvier 2017, j’aurais pu prendre la chronique des grains de janvier 2016 et en faire un copier-coller tant la situation présente ressemble à s’y méprendre à celle de l’an dernier. Premièrement, la récolte locale et nord-américaine ressemble en tout point à la récolte 2015 tant pour son excellente qualité que pour son humidité globale relativement basse. Les rendements au Québec sont, selon moi, comparables, tandis qu’aux États-Unis, ils sont légèrement plus élevés par rapport à l’an dernier. Étant donné que les superficies ensemencées ont augmenté un peu partout, cela se traduit par une augmentation substantielle des récoltes.

Vous vous rappelez sans aucun doute qu’en janvier 2015, on parlait d’une récolte de maïs record aux É.-U. avec 14,216 milliards de boisseaux. Ce record a rapidement été battu par la récolte de l’automne 2016 qui a été de 15,148 milliards de boisseaux. Il y a quelques années, les Américains avaient connu toute une récolte avec des conditions idéales et avaient atteint un sommet de 165 boisseaux/acre. On se demandait alors s’ils parviendraient de nouveau à ce plateau. La courbe des rendements ne cesse de croître depuis ce temps et atteint aujourd’hui 174,6 boisseaux/acre. On a beau dire que la température a été propice, mais d’autres facteurs entrent en ligne de compte. Par exemple, la génétique, la régie de culture, la qualité des sols qui s’améliore par le changement des méthodes culturales, le nivellement, le drainage et le géopositionnement. De plus, les équipements se perfectionnent et rendent possible un ensemencement plus rapide. On gagne ainsi des unités thermiques favorisant une meilleure qualité et un poids spécifique plus élevé. On récolte aussi plus rapidement ce qui diminue, par le fait même, certaines pertes. La science continue année après année à faire progresser le potentiel de la terre.

Du côté de la fève soya, le même modèle s’applique avec une récolte américaine de 4,3 milliards de boisseaux comparativement à 3,9 milliards au courant des deux dernières années propulsant ainsi les stocks de fin d’année de 197 millions de boisseaux à 420. Localement, nous avons aussi connu notre meilleure récolte à vie dépassant le million de TM. Considérant que plus de 90 % de ces tonnes s’en vont à l’exportation, les besoins en espace et en bateaux ne cesse d’augmenter et de mettre une pression sur la logistique au moment de la récolte, dans la mesure où plus de 60 % de la fève est livrée en octobre et novembre. L’Amérique du Sud (Brésil et Argentine) connaît actuellement de bonnes conditions de croissance et se prépare à augmenter encore les quantités de fèves soya. Compte tenu du changement de garde aux États-Unis, la Chine a accéléré la prise de possession de soya en novembre et décembre dans l’attente du dévoilement des politiques économiques du nouveau chef d’état américain. Assisterons-nous à un refroidissement des relations sino-américaines au profit du Brésil?

La prochaine année risque d’être fertile en rebondissements à l’échelle mondiale. Le Canada subira sans aucun doute les nouvelles volontés de ses partenaires et concurrents et nous devrons soit défendre nos positions dans la mesure du possible, soit nous adapter à la loi du plus fort qui dicte les règles du marché. Nous devons demeurer optimistes vis-à-vis de ces incertitudes, le passé nous ayant déjà démontré notre capacité de résilience avec, entre autres, l’avènement du libre-échange en 1989.

Bon hiver!

Jean-Pierre Aumont T.P.

Directeur du service des grains