Chronique des grains, promesse tenue

Publié le 4 janvier 2016

GrainsDSC01023Promesse tenue : lors de notre dernière chronique, je vous prédisais une bonne récolte. Alors je crois qu’aujourd’hui, chacun est en mesure de confirmer qu’effectivement, la nature vous a assez bien servis cette année dans le secteur des grains. En plus d’avoir droit à une récolte abondante, les céréaliculteurs bénéficient d’une récolte de qualité élevée avec une humidité relativement basse, engendrant peu de frais de séchage pour le maïs et la fève soya. C’est donc dire qu’en fin de récolte, les silos seront pleins à craquer.

Qu’en est-il au sud de la frontière? Nos voisins ont eu la même veine que vous! Ainsi, les producteurs américains ont récolté un rendement de 169,3 boisseaux à l’acre (4,3 tm/acre) dans le maïs pour une récolte totale de 13 654 millions de boisseaux, comparativement à 173,4 boisseaux à l’acre (4,4 tm/acre) l’an dernier pour une récolte de 14 407 millions de boisseaux. Dans le cas de la fève soya, les rendements 2015 dépassent légèrement ceux de l’an dernier, soit 48,3 (1,3 tm/acre) vs 47,5 boisseaux à l’acre (1,29 tm/acre) pour 2014, engrangeant par le fait même 3 981 millions de boisseaux vs 3 958 millions l’an dernier. Quel est le poids mondial d’une telle récolte? Les États-Unis récoltent annuellement 347 millions de tm de maïs comparativement à 225 millions de tm pour la Chine et 81 millions de tm pour le Brésil. Pour la fève soya, ce sont 108 millions de tm comparativement à 100 millions au Brésil et 57 millions en Argentine.

Quel impact aura ces récoltes sur les prix? Une tendance baissière semble se présenter dans le maïs étant donné que l’on voit les stocks américains augmenter de presque 200 millions de boisseaux. Cela est dû au fait que la production est en hausse, mais aussi à cause d’une baisse de la demande d’éthanol et des exportations. De plus, du côté du Brésil, on prévoit une récolte de maïs d’environ 81,5 millions de tm, une légère augmentation alors que la demande mondiale chute et que les stocks mondiaux subissent une augmentation de 23,5 millions de tm. Pour la fève soya, malgré une augmentation de la récolte américaine et d’une prévision d’augmentation de la récolte sud-américaine de 3 millions de tm, la consommation globale augmente elle aussi de façon plus marquée pour entraîner une diminution des stocks de report. N’empêche que le marché boursier a quand même amorcé sa baisse post-récolte.

Localement, les prix n’ont cessé de reculer depuis le début de la récolte. Baisse occasionnée par le recul du marché boursier, certes, mais aussi par la baisse de la base locale. Pourquoi la base baisse-t-elle? Simplement parce que l’offre dépasse actuellement la demande. Lorsque les silos débordent et qu’une vente devient obligatoire pour sortir la récolte du champ, l’acheteur doit prévoir le coût d’acquisition (achat + financement), un coût d’entreposage et, parfois, un coût de transport additionnel. Il ajuste ainsi son prix. Si, après la récolte, le vendeur anticipe quant à lui une remontée du marché pour diverses raisons (augmentation de la consommation, température défavorable, baisse de récolte ailleurs, diminution des stocks, etc.), celui-ci pourrait décider d’assumer le risque du marché et des frais d’entreposage inhérents. N’ayez crainte, rares sont ceux capables de prévoir parfaitement la direction du marché 6 mois à l’avance. Partagez alors les risques en ayant un plan de commercialisation étalé sur l’ensemble de l’année. Cela inclut des ventes pré-récolte, des ventes en cours d’année selon les occasions qui se présentent, ainsi qu’une partie que vous garderez en entreposage pour l’été suivant la récolte en prévision de problèmes potentiellement causés par une température inadéquate.

Bon hiver!

Jean-Pierre Aumont t.p.

La Coop Novago