Publié le 11 juillet 2014
Développer un œil vigilant et porter une attention soutenue aux petits détails, voilà la recette des succès de Ferme J. & C. Belhumeur de Sainte-Geneviève-de-Berthier. Carmen Julien ainsi que Jean et Julien Belhumeur ont remporté le premier prix en 2013 et le 2e prix en 2014 pour le meilleur indice en pouponnière (IEP) de l’AGREPP provincial.
Spécialisée en pouponnière depuis 2008, mais en production depuis 1994, l’entreprise berthelaise accumule les bonnes performances en raison d’une veille particulière apportée à ses pensionnaires. « Le secret c’est l’observation. Surtout au moment de l’entrée des porcelets. Je les prends un par un pour voir s’ils n’ont pas quelque chose », exposait Jean Belhumeur. Dès qu’un petit cochon présente un signe de maladie ou autre problème il sera rapidement traité. Pour ce faire, trois rondes de surveillance sont effectuées chaque jour au début de la période de croissance et deux rondes par jour après la sélection. Là aussi, rien n’est laissé au hasard. Au départ, les porcelets reçoivent une diète particulière : une bouillie préparée avec de l’eau, de la moulée et du gruau. Cette popote personnalisée a pour but de stimuler leur consommation. Une recette unique à la Ferme J. & C. Belhumeur. « Il y a des choses que je fais que d’autres producteurs ne font pas. J’ai de bons résultats ainsi, alors je poursuis », disait Jean avec un large sourire. Au fil des ans, le producteur lanaudois a essayé plusieurs mélanges afin de dénicher la concoction idéale. « Dans notre secteur d’activités, chaque bouchée a son importance. Mon revenu est tributaire de mes méthodes de travail. Plus mon porcelet atteint son poids de sortie rapidement en consommant le moins de moulée possible, meilleure sera ma rentabilité. »
Le programme alimentaire des quelques 6100 porcelets engraissés chez les Belhumeur n’est pas compliqué : de la moulée. La quantité minimale consommée assure la productivité, alors les interventions sont déterminantes. La ventilation et la température des planchers auront également un impact sur le taux de conversion. « C’est capital, quand je fais mes rondes, il faut reconnaître les signes d’inconfort et agir rapidement. Par exemple, si les porcelets sont empilés les uns sur les autres, quelque chose ne va pas. Nous nous hâterons donc de corriger le problème, car ils vont manger plus et ce n’est pas ce que nous voulons. » Cette vigilance ne fait pas relâche, même en plein temps des semis où leurs 450 acres de terre sont ensemencés d’avoine, de maïs et de soya.
Une particularité de la ferme est la taille de l’entreprise. Elle compte cinq chambres hébergeant 160 pensionnaires chacune. Une autre clef du succès des Belhumeur. « C’est plus facile de contrôler la ventilation ou un problème de diarrhée dans des groupes plus petits. Ce n’est pas sorcier. Je sais que nous sommes d’un autre temps, que la tendance aujourd’hui est une chambre de 500 places. Les risques de pertes sont plus élevés. Si je devais construire une nouvelle pouponnière, je le ferais sur le même modèle que celui que j’ai aujourd’hui », affirmait Jean. Pour sa conseillère à La Coop Novago, Marjorie-Audrey Lévesque, la taille de l’entreprise n’est pas une manifestation de son efficacité. « Ces gens sont une preuve que tout se passe dans la façon de travailler. La modernité n’est pas gage de bons résultats, cette ferme laitière reconvertie en pouponnière est étonnante d’efficacité. »
Ouverts aux nouvelles idées, Carmen, Jean et Julien se sentent appuyés par le Centre de services des deux rives (les coopératives Novago, Bois-Francs, Appalaches, Comax et Covilac). Marjorie-Audrey et Martin Choinière leur donnent un fort coup de main pour améliorer leurs performances avec des données statistiques. Dès qu’un problème survient, une solution est suggérée. « Ici, à la Ferme J. & C. Belhumeur, nous avons plutôt un rôle d’observateurs que d’intervenants. Ces gens-là sont compétents. Ils aiment ce qu’ils font et ça se sent », ajoutait Marjorie-Audrey. Cette passion, Jean l’a transmise à son fils Julien qui s’est intégré à la ferme il y a trois ans. Les deux hommes aiment se lancer des défis. « J’ai toujours dit que si tu ne cherches pas à aller plus haut, ton entreprise régresse. » Meilleur indice en pouponnière en 2013 avec un indice de 146,3 et deuxième en 2014 avec 147,4, devinez ce qu’ils visent l’an prochain?
Par Stéphane Payette, T.P. Expert conseil végétal, La Coop Novago