Boréalait, la passion du lait de la production à la transformation

Publié le 7 août 2020

Par Mélisa Tranchemontagne, technicienne aux communications

Elle, c’est Évelyne Rancourt, agronome de formation, mais avant tout une femme à la créativité débordante et ayant l’entrepreneuriat dans le sang. Lui, c’est Benoit Larochelle, technicien en production animale et électricien de formation, mais surtout un homme d’action qui carbure à la concrétisation de projets. Passionnés par la production laitière, ils forment le duo complémentaire qui se cache derrière la fromagerie Boréalait à St-Félix-de-Dalquier.

 

L’avant Boréalait

En 2008, Benoit a repris la ferme de ses grands-parents maternels, dont il est copropriétaire avec sa mère et son frère. Le petit troupeau de vaches Holstein, installé dans l’étable de 1970, ne produisait alors que 10 kilos de quota.

Le changement vers la race Jersey s’est fait d’abord pour s’accommoder de l’espace disponible, mais aussi parce que Benoit apprécie cette race pour son gabarit, son côté rustique, sa curiosité et les caractéristiques de son lait. Le troupeau compte maintenant une cinquantaine de vaches en lactation et les installations de la ferme ont été modernisées.

De son côté, Évelyne a travaillé pendant plusieurs années chez Desjardins, mais toujours avec ce désir de devenir entrepreneure. En 2013, elle suit un cours en lancement d’entreprise, ce qui lui permettra de faire un premier plan d’affaires. Avec plusieurs modifications, ce plan deviendra la toute première ébauche du projet de la fromagerie. C’est en 2015, après quatre enfants et la restructuration de son poste à la caisse, qu’elle décide enfin de quitter son emploi et d’assouvir son désir de se lancer en affaires.

Bien que plusieurs idées aient été soulevées, en passant de la restauration au centre de jardin, l’amour commun de Benoit et Évelyne pour la production laitière les mène tranquillement à la création de Boréalait. La fromagerie qui leur permettra de jumeler leur passion pour la production laitière en transformant eux-mêmes leur lait en produits dérivés.

 

Le chemin vers la transformation

En septembre 2017, Benoit souhaite entreprendre la construction d’un nouveau bâtiment pour la ferme. Le projet de la fromagerie ayant bien germé dans leurs têtes, les travaux de construction de l’étable attendront et c’est finalement la fromagerie qui sera bâtie la première. Après avoir suivi les formations requises, avoir obtenu le permis d’usine de transformation laitière et avoir terminé l’autoconstruction, l’ouverture officielle a lieu en février 2019. Bien que le couple ne nie pas qu’il y ait eu des embuches, le parcours menant à la réalisation de leur projet s’est déroulé dans les temps. Autant personnellement que professionnellement, toutes les étapes se sont mises en place naturellement à des moments charnières afin d’en permettre la réalisation.

La gamme de produits

Lorsqu’ils ont ouvert boutique, le premier produit phare fut le fromage en grains. Bien que ce soit relativement long et technique à réaliser, ils ont décidé de lancer ce produit aimé de tous comme produit d’appel. Aujourd’hui, le fromage en grains est produit exclusivement les mercredis et vendredis. Il est en vente directement à la boutique et dans quelques points de vente très locaux de la MRC d’Amos. En plus de la version nature, on compte des variantes à saveur de fines herbes, et une association avec une boucherie locale a donné naissance à une saveur BBQ unique. Boréalait produit également du fromage en bloc.

Évelyne et Benoit avaient également en tête d’embouteiller leur lait et de le commercialiser dans des bouteilles de verre. Un vendredi soir de décembre 2019, avant même que leur boutique soit ouverte, Évelyne a reçu une ébauche du graphisme des bouteilles. Par curiosité, elle l’a partagée sur la page Facebook de Boréalait. Leur page, qui comptait alors principalement des amis et de la famille, a explosé en passant de 150 abonnés à plus de 2000 en l’espace d’une fin de semaine. Boréalait embouteille — manuellement, il faut le préciser ! — cinq fois plus de lait que ce qui était prévu initialement.

Le dernier produit à être apparu sur les tablettes de la fromagerie est en fait leur premier coup de cœur. En 2007, lors d’un voyage en France, Évelyne tombe en amour avec un yogourt fermier en pot de grès. Elle est complètement séduite par le goût et en ramène à Benoit en lui disant qu’un jour elle aimerait faire un produit similaire au Québec.

En 2016, lorsqu’elle retourne en France pour suivre une formation sur les fromages à pâte lactique, c’est encore une fois le yogourt qui gagne son cœur. Son produit chouchou s’est donc ajouté à la gamme de produits offerts, avec des saveurs comme nature, érable, miel, fraises, framboises, bleuets et pêches-érable.

Il est aussi dans les plans d’introduire dans leur gamme de produits le lait au chocolat ainsi que des fromages affinés d’ici Noël prochain.

 

Crise actuelle et engouement pour l’achat local

Benoit et Évelyne le confirment : « Depuis l’ouverture, nous sommes vraiment choyés. La vague d’amour des consommateurs de la région est vraiment présente. La crise que nous vivons présentement ne fait que confirmer cet engouement et a augmenté la fierté des consommateurs vis-à-vis l’achat local. Nous ne saurions l’expliquer, mais il y a eu une forte augmentation d’achat directement à la fromagerie. Au niveau du lait embouteillé, le chiffre d’affaires a quadruplé depuis la fin mars. »

Ils sentent que les gens sont heureux de se déplacer et d’acheter directement chez le producteur-transformateur. Leurs clients leur témoignent qu’ils se sentent en sécurité, car les mesures sanitaires sont respectées. Les employés vont chercher le produit pour le client et cela sécurise l’acheteur de savoir que ce qu’il acquiert n’est pas passé par plusieurs intermédiaires avant de se rendre à sa table.

Une chose est sûre, la créativité d’Évelyne et l’initiative de Benoit mèneront certainement les deux entrepreneurs à diversifier encore plus leur entreprise et à continuer d’offrir des produits frais et de qualité avec la même passion.