Avis d’ébullition!

Publié le 27 février 2017

avicole

Avez-vous remarqué ces derniers mois les avis d’ébullition ou de non-consommation d’eau de différentes municipalités au Québec? Aux nouvelles, ils en font régulièrement l’annonce. Ces mêmes municipalités ont pourtant un réseau d’aqueduc qui fournit habituellement une eau salubre et consommable. L’eau y est dans la majorité des cas traitée avec du chlore (traitement qui est le moins cher) ou avec d’autres procédés reconnus, comme l’ozonation. Pourquoi, alors, ces avis de non-consommation directe de l’eau surgissent-ils? C’est parce que nous avons affaire aux biofilms!

Qu’est-ce que le biofilm? Il faut d’abord comprendre que l’eau contient différents minéraux qui proviennent de son contact avec le sol. On y retrouve aussi toute une population de bactéries, levures, champignons, algues et virus. On peut dire que l’eau est vivante par la présence même de ces organismes. Ce sont justement ces derniers qui seront présents dans les canalisations utilisées pour amener l’eau là où elle sera consommée. Ces divers organismes vont s’attacher aux surfaces intérieures des canalisations et travailler en synergie les uns avec les autres pour sécréter différentes substances qu’on appelle le biofilm, un produit habituellement glissant ou gluant au toucher. Ces organismes profitent de cette sécrétion pour se protéger, se nourrir, se reproduire et augmenter leur population. Lorsque le biofilm devient important en quantité et/ou qu’une perturbation chimique ou physique survient — lors de travaux de voirie ou de changement de pression d’eau à l’intérieur des canalisations par exemple —, des particules chargées de germes se détachent du biofilm et, dépendamment de leur concentration, peuvent contaminer l’eau et la rendre insalubre et dangereuse. Et ce, malgré un traitement de l’eau!

La situation est-elle différente sur nos fermes? Eh bien, non, elle peut même être pire!

L’eau qui arrive par les canalisations, que ce soit de puits artésiens, de puits de surface (c’est pire), ou d’un aqueduc municipal (même traité), se trouve occupée par divers organismes vivants qui, naturellement, vont former un biofilm. Où je considère que c’est pire, c’est surtout dans les poulaillers où l’on reçoit de jeunes poussins ou dindonneaux. Pour recevoir de jeunes oiseaux, nous nous devons d’avoir une température d’accueil élevée afin que ceux-ci soient confortables. Celle-ci réchauffera les canalisations d’eau que l’on retrouve à l’intérieur des poulaillers. Malheureusement, il n’y a rien de mieux pour favoriser la prolifération du biofilm. Qui plus est,  la consommation d’eau est peu élevée pendant les premières semaines d’âge des oiseaux, il y a donc un faible débit qui favorisera aussi la formation de biofilm. C’est pourquoi il est extrêmement important de traiter l’eau avant son arrivée dans le poulailler afin de détruire le plus possible (sinon totalement) les organismes vivants s’y retrouvant. S’ils ne sont pas totalement détruits, il y aura formation de biofilm dans les canalisations du poulailler qui pourra amener soit une infection répétitive chez vos oiseaux ou, plus souvent encore, une baisse de performance : pic de ponte difficile à atteindre, déséquilibre de la flore intestinale (qui peut amener une litière humide), un gain de poids non optimal ou une conversion alimentaire moyenne.

Nous verrons dans le prochain article différents moyens de traiter l’eau pour contrer ces baisses de performance.

François Lefebvre, agr., M.Sc.