Une saison, deux récoltes, pensez-y maintenant!

Publié le 11 juillet 2013

Le seigle d’automne, en plus d’être un excellent engrais vert, produit un fourrage de qualité, tôt au printemps, ce qui permet de semer une deuxième culture telle que du soya dans un même champ. Il suffit d’y penser tôt à l’automne.

Les producteurs qui ont besoin de fourrages supplémentaires peuvent semer du seigle d’automne suivant la récolte de maïs ensilage. Le seigle d’automne est rustique et passe bien l’hiver dans les sols bien drainés de nos régions. Il est très hâtif au printemps, ce qui lui permet d’être récolté tôt avant la première coupe de luzerne. Les producteurs peuvent ensuite semer du soya, des haricots ou encore des fourrages d’urgence de climat chaud comme le millet japonais ou le sorgho.

Le seigle d’automne est reconnu pour avoir un effet allélopathique sur les mauvaises herbes, mais comme la plante entière est récoltée en fourrage, le risque pour la culture ensemencée suivant le seigle est très faible. Le semis direct de maïs en sol très lourd n’est, par contre, pas recommandé.

Le semis

Le seigle d’automne peut être semé en septembre jusqu’au début octobre, selon les régions. Pour avoir une bonne croissance au printemps et un bon rendement en fourrage, il doit avoir produit plusieurs talles avant l’hiver. Le taux de semis du seigle d’automne Gauthier est de 110 à 135 kg/ha. Il est recommandé d’utiliser le taux de semis plus élevé pour les semis plus tardifs, car la plante aura moins de temps pour produire des talles. Une application d’azote (jusqu’à 80 kg/ha) au printemps, quand la plante reprend sa couleur verte, permettra d’augmenter le rendement et la protéine du fourrage.

La récolte du fourrage

Le seigle d’automne peut être récolté et entreposé en ensilage. Il faut être vigilant et rapide au printemps pour du fourrage de qualité, car le seigle d’automne perd sa qualité nutritionnelle plus rapidement que les autres céréales. Le stade recommandé de récolte est à la feuille étendard. À ce stade, la protéine brute du seigle bien fertilisé devrait se situer autour de 18 % et la NDF devrait être sous les 50 %. Au stade épiaison, la protéine a descendu autour de 13-14 % et la NDF est remontée au-dessus de 60 %. Le seigle étant très compétitif, une application de glyphosate est essentielle pour pouvoir semer la culture suivante.

Les avantages

La semence de seigle d’automne est peu dispendieuse. Le seigle d’automne est hâtif au printemps et il est compétitif pour les mauvaises herbes. Son système racinaire très fibreux en fait un excellent engrais vert pour contrôler l’érosion et augmenter la matière organique et la structure du sol. Il est une source de fourrage de qualité à faible coût et il permet d’avoir deux récoltes la même année.

Et le blé d’automne?

Le blé d’automne produit une récolte en grains, plus facile à commercialiser que le seigle d’automne, qui est intéressante du côté du rendement en grains et de la rentabilité. Par contre, le blé d’automne est un peu moins rustique et requiert des champs très bien drainés. Il peut produire un fourrage intéressant au printemps; il est un peu plus tardif et dispendieux que le seigle, mais il perd sa qualité moins rapidement. Il est aussi un excellent engrais vert et, si la survie à l’hiver est bonne, il vaut mieux le récolter en grains. Cette récolte hâtive permet d’effectuer des travaux de drainage ou de nivellement à l’été dans de bonnes conditions de sol. Si, selon les régions, les dates de semis idéales sont du début à la mi-septembre, des études effectuées en Ontario ont démontré que le rendement pouvait être très bon même dans des semis effectués en octobre, après la récolte de soya. Comme la neige arrive très tardivement dans certaines régions, il peut être très intéressant de semer du blé d’automne comme engrais vert pour éviter d’avoir des sols à nu. Et si le blé passe bien l’hiver, ça fera une bonne récolte de blé, sinon ça aura été un bon engrais vert…

Par Pierre-Luc Brouillette, agr.

Conseiller en agroenvironnement

[email protected], La Coop Novago

Source : Luc Roger, agr., Lyne Beaumont, agr., La Coop fédérée