Un engrais vert après le nivellement : un incontournable

Publié le 13 novembre 2020

Agriculture durable
Un engrais vert après le nivellement : un incontournable
Par Pierre-Luc Brouillette, agr., coordonnateur en agriculture durable

Dans nos derniers articles, nous avons abordé les avantages du nivellement. Il est cependant important de protéger notre investissement par la suite !

En effet, lorsque le sol est nivelé après la récolte, les engrais verts permettent de stabiliser la structure de ce dernier. Les racines des engrais verts permettent de faire un travail d’ameublissement et de protection contre l’eau et le vent, réalisé naturellement par la masse racinaire. Lorsque cela est possible, il vaut mieux mélanger plusieurs espèces d’engrais verts : des céréales afin de faire rapidement compétition aux mauvaises herbes, et des légumineuses pour apporter de l’azote. Des mélanges plus complexes sont aussi possibles.

Les choix culturaux

Lorsque l’engrais vert peut être semé en juillet ou août, les légumineuses sont un choix judicieux. Elles ont la capacité de fixer l’azote de l’air qui est disponible en grande quantité. Plusieurs résultats sur la fixation symbiotique de l’azote nous ont montré que, selon l’espèce, les légumineuses fixaient des quantités plus ou moins importantes d’azote.

Un projet de recherche de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) a comparé des systèmes culturaux de différentes espèces de légumineuses, cultivées seules ou en association avec d’autres cultures. Ainsi, pour le soya, le haricot sec, le pois sec, la vesce velue, la luzerne annuelle et le trèfle incarnat, trois espèces ont été semées en association avec le blé (vesce velue, trèfle incarnat et pois fourrager) et trois en culture intercalaire avec le maïs (luzerne, trèfle incarnat et vesce velue).

Des cultures de maïs et de blé — qui ne sont pas fixatrices d’azote — ont servi comme témoins. Les parcelles avec légumineuses ont permis des augmentations de rendements de 0,6 à 1 t/ha pour le blé et de 1,3 à 3,2 t/ha pour le maïs, en comparaison avec des parcelles non fertilisées avec de l’azote.

Dans les sols fertilisés avec de l’azote, les gains en rendements de blé et de maïs ont aussi été importants sur les retours de légumineuses. De façon générale, les équivalents en engrais azoté ont été les plus élevés selon cet ordre : vesce > luzerne annuelle > mélanges blé/vesce et maïs/vesce > trèfle incarnat > soya. Ce sont ces mêmes précédents de légumineuses qui ont retourné le plus d’azote dans le sol et augmenté significativement les rendements du blé et du maïs.

Ces résultats démontrent que ces légumineuses ont contribué à la nutrition azotée du blé et du maïs, diminuant ainsi le besoin en engrais azoté entre 10 et 80 kg N/ha pour le blé, et entre 12 et 65 kg N/ha pour le maïs.

En fin de saison

Les conditions sont habituellement meilleures pour travailler le sol en août ou au début de septembre, avant l’implantation des engrais verts, plutôt qu’en octobre ou en novembre. Il arrive souvent que le nivellement se termine fin septembre ou début octobre. Dans ces conditions, les céréales d’automne sont idéales (seigle ou blé d’automne). Ces engrais verts dérobés peuvent être semés très tard dans la saison.

Ces céréales repoussent aussi au printemps et produisent une grande biomasse. Il faut toutefois s’assurer de pouvoir détruire les céréales d’hiver à temps avant la culture principale. Il est à noter que l’abondance de résidus peut rendre les semis et la transplantation difficiles. Selon les observations sur le terrain, le seigle qui est détruit au printemps semble avoir un effet allopathique sur le maïs. Il faut prévoir environ deux semaines entre la destruction mécanique et un nouveau semis.

Sources :

Guide de gestion globale de la ferme maraîchère biologique et diversifiée, Module 5, Chapitre 9 : https://bit.ly/2ZYp1S6

Bénéfices des légumineuses dans les rotations de cultures, IRDA