Publié le 12 décembre 2023
Par Mathieu Champagne, agr., expert-conseil en production laitière Novago
En production laitière, la qualité des fourrages et des grains joue un rôle essentiel dans l’atteinte d’une production optimale. Les mycotoxines, qui sont des substances produites par des moisissures, peuvent être présentes dans une grande partie des aliments servis au bétail. Plus de 350 mycotoxines ont été répertoriées et leurs effets restent variables. Les plus courantes en Amérique du Nord sont la vomitoxine (DON), la Zearalenone (ZEA) et la T2. Les conséquences sur les ruminants sont variables en raison de divers facteurs tels que l’environnement, le poids, l’âge, le niveau de contamination et la durée d’exposition aux mycotoxines. Certaines mycotoxines peuvent également agir de manière synergique, devenant ainsi plus potentiellement nocives. Chez la vache laitière, ces toxines peuvent affecter la reproduction et le système immunitaire, entraînant une diminution des performances zootechniques.
Quels facteurs influencent le développement de moisissures et la production de mycotoxines?
La production de toxines commence dès la saison de croissance aux champs. Les étés chauds et humides favorisent le développement des mycotoxines. Inutile de spécifier que l’été 2023 présentait des conditions très propices au développement de toxines. Les rotations de cultures ont aussi leur rôle dans la production de moisissures. En effet, les spores restent sur les résidus de cultures dans le champ après la récolte ce qui cause un risque pour les cultures suivantes.
Après la récolte, le plus grand enjeu est la conservation des aliments. Dans le cas des céréales, il sera important de procéder au séchage du grain et de le conserver dans un environnement exempt d’humidité afin d’éviter le développement de moisissures. Pour les fourrages, le principal défi sera la fermentation. Effectivement, c’est pendant cette étape que les moisissures ont le plus de chance de se développer. Pour éviter cela, il sera important d’éviter la présence d’air durant la fermentation. Le processus anaérobique (absence d’oxygène) permettra aux sucres d’être convertis en acides organiques tels que l’acide lactique et l’acide acétique qui permettront une baisse du pH dans les entreposages. L’absence d’oxygène est cruciale, car certaines moisissures peuvent se développer même en présence de seulement 0,5 % d’oxygène. De plus, il est important de prélever une quantité quotidienne suffisante de fourrage dans les silos pour éviter le développement de moisissures en surface.
Un rumen en santé, une bonne antitoxine!
Le rumen est une des premières barrières contre les toxines. En effet, les protozoaires, qui sont des microorganismes présents dans le rumen, agissent comme agents de détoxification contre les mycotoxines. Il est donc primordial de maintenir un apport suffisant en fibres dans l’alimentation et de limiter la quantité de concentrés par repas pour maintenir un pH optimal dans le rumen, ce qui favorise la santé des microorganismes du rumen. Cependant, le processus de détoxification n’est malheureusement pas efficace contre toutes les mycotoxines. Par exemple, s’il y a présence de Zearalenone dans le rumen, elle sera transformée en alpha-zearalenol et sa toxicité sera amplifiée (Frink-Gremmels, 2008).
Comment minimiser l’impact des toxines dans les fourrages?
Heureusement, il existe des solutions pour éviter la formation de mycotoxines dans les fourrages. L’ajout d’inoculant dans l’ensilage permet d’ajouter des bactéries qui aideront à avoir une bonne fermentation. L’ajout d’acide propionique dans l’ensilage contribue aussi à réduire le risque de développement de levures et de moisissures. Finalement, il est possible d’analyser les aliments et de cibler les toxines qui y sont présentes. Une fois les résultats obtenus, il sera plus facile de sélectionner quelle antitoxine utilisée. Pour plus d’informations et des solutions adaptées à vos besoins, contactez votre expert-conseil.