Publié le 28 juin 2023
Par Laurence Dufour, agr., experte-conseil en production laitière Novago Coopérative
Comme chaque année, l’arrivée de la période estivale est synonyme de stress thermique pour les animaux de nos fermes québécoises. De plus en plus d’études le démontrent, le stress causé par la chaleur n’épargne aucun des individus du troupeau. Des vaches en lactation aux vaches taries en passant par les générations à venir : toutes sont impactées.
L’équation utilisée pour évaluer l’importance du stress thermique est l’ITH, celui-ci met en relation la température et l’humidité pour évaluer l’importance du stress. La valeur d’ITH à partir de laquelle on reconnait la présence d’un stress thermique chez nos animaux est de 68. Plus concrètement, un ITH de 68 est représenté sur le tableau ci-dessous, par une température aussi basse que 22 degrés, mais avec une humidité relative supérieure à 50 %.
Selon les travaux de Véronique Ouellet de l’Université Laval, des régions telles que la Montérégie ont enregistré jusqu’à 131 jours avec des ITH supérieurs à 68.
Quels sont les impacts du stress thermique sur les bovins laitiers?
Augmentation du risque d’acidose
En effet, pendant les périodes de grande chaleur, les vaches ont tendance à augmenter leur comportement de tri pour limiter l’apport de fibres et ainsi diminuer la rumination. La digestion des fibres est un procédé qui dégage beaucoup de chaleur et c’est pour cette raison que les animaux tentent de réduire leur consommation de fibres. De plus, l’augmentation du taux de respiration de l’animal réduit le bicarbonate disponible pour tamponner le rumen. Ces facteurs ont pour effet d’augmenter la probabilité d’une diminution de pH dans le rumen et ainsi d’augmenter le risque d’acidose ruminale.
Lorsqu’un stress thermique est ressenti, la consommation volontaire de matière sèche peut être diminuée jusqu’à 30 %. Cette diminution de consommation a pour conséquences de réduire la production laitière et d’augmenter le risque de se retrouver en bilan énergétique négatif. Pour pallier la diminution d’énergie, les vaches utiliseront le glucose comme source d’énergie, ce qui réduit la disponibilité pour la production de lait.
Lorsque l’on parle de stress thermique, l’attention est souvent dirigée sur les vaches laitières puisque celles-ci nous démontrent clairement de par leur production l’impact de la chaleur ressentie. Cependant, de plus en plus d’études nous apprennent qu’il ne faut pas négliger l’influence d’un tel stress sur les vaches taries, ainsi que sur le veau à naître. Le stress thermique réduit le nombre de jours de gestation, le poids des veaux à la naissance, la production de la lactation suivante, cause une diminution de l’absorption des anticorps pour le veau et même une diminution de la performance en première lactation. (UF, Tao et Dahl, J. Dairy sci.)
Stratégies nutritionnelles
Maintenant que la preuve de l’impact négatif du stress thermique sur les troupeaux n’est plus à faire, quelles sont les stratégies à adopter pour en réduire l’incidence? Avant même de parler de stratégies nutritionnelles, l’hygiène et la régie de la mangeoire sont des incontournables. La présence d’eau de qualité en quantité suffisante, le nettoyage des mangeoires, une ration fraîche toute la journée et une augmentation du nombre de repas en sont quelques bons exemples.
Finalement, certains outils peuvent nous aider dans la lutte contre le stress thermique. L’ajout de précurseurs de glucose dans la ration pour réduire l’effet du bilan énergétique négatif, l’augmentation de la densité énergétique de la ration et l’ajout d’éléments tampons font partie des solutions de mise en application possible à la ferme.
Parlez-en avec votre expert-conseil, il saura vous guider pour minimiser l’impact du stress de chaleur dans votre ferme.