Publié le 18 décembre 2017
Pour faire suite au préambule de mon collègue des productions végétales sur l’importance du chaulage, une question se pose : est-ce que c’est rentable, et pourquoi?
Le chaulage devrait, au même titre que les semences, engrais, phyto, etc., être mis dans votre prochain budget. À titre d’exemple, on présente dans le feuillet Chaulage des sols, c’est rentable $$, un exemple pour les fourrages avec une augmentation du rendement d’au moins 15% suite au chaulage de correction (TCBA du Bas Saint-Laurent). Voici selon la démonstration faite pour une terre de 50 ha cultivant du foin, pour 4 ans.
Charge en chaux : 260 $ x 50 ha | 13 000 $ |
Revenu supplémentaire en foin valorisé à la ferme: 0,7 tm x 50 ha x 4 ans x 205 $/tm | 28 700 $ |
Revenu net | 15 700 $ |
Le revenu net est donc de 78,50 $/ha/année, de quoi vous convaincre! Attention de valider au préalable avec vos analyses de sol si l’épandage de chaux est nécessaire.
Vous n’avez pas besoin de chaux, mais vous avez des problèmes d’infiltration d’eau en surface de vos sols? Sachez que pour un loam ou l’argile mal structurée, l’ajout de gypse en surface peut vous aider en raison de son apport en calcium et son impact sur la floculation. En effet, l’apport de calcium et de magnésium contribue à la formation des agrégats du sol, ce qui aide à réduire l’érosion et la compaction puis permet une meilleure infiltration de l’eau.
L’activité des microorganismes du sol qui minéralisent la matière organique et celle de plusieurs organismes pathogènes est aussi influencée par le pH du sol. Le but du chaulage est de maintenir le sol dans un intervalle de pH favorable à la croissance des cultures.
Chauler les sols de façon régulière comporte de nombreux avantages. Cela améliore l’efficacité des éléments fertilisants et la fixation de l’azote de l’atmosphère par les légumineuses; augmente la décomposition de la matière organique; améliore la structure du sol; augmente la capacité d’enracinement des plantes et limite le développement de certaines maladies, comme la gale de la pomme de terre et la hernie des crucifères.
Prévoyez, chaque année, un budget pour la chaux. Et choisissez de l’appliquer lorsque la portance du sol est bonne. Le chaulage des prairies peut se faire après la 1re ou la 2e coupe, même si le champ n’est pas labouré à l’automne. Le chaulage de surface ne causera aucun dommage à la culture. Les pâturages peuvent être chaulés l’automne après la sortie des animaux, pour limiter le risque de déséquilibre ionique dans le rumen. Avant d’effectuer un semis, il est recommandé d’attendre environ une semaine après l’incorporation au sol. Au Québec, des essais de chaulage en post-levée dans le maïs-grain ont montré qu’il n’y a aucun risque pour le feuillage. Lors du travail réduit du sol ou en semis direct, effectuez des applications en surface en évitant de dépasser des doses de 3 t/ha. N’oubliez pas que l’application de chaux à taux variable est possible en fonction des besoins des champs géoréférencés.
Le programme de soutien au chaulage et drainage des terres agricoles présentement en vigueur dans les régions de l’Abitibi-Témiscamingue, du Bas-Saint-Laurent, de la Côte-Nord et du Saguenay–Lac-Saint-Jean peut vous aider à investir dans le chaulage. Consultez votre expert-conseil pour plus d’information et des recommandations.
Pierre-Luc Brouillette, agr. Coordonnateur agriculture durable