Publié le 16 novembre 2012
Les prix des céréales ont atteint des sommets en 2012. Jamais dans son histoire, le marché n’avait offert plus de 300 $ à un agriculteur pour une tonne de maïs ou plus de 600 $ pour du soya destiné au marché animal. Un producteur de maïs qui cultive quelque 500 acres de maïs pourrait empocher 675 000 $ pour sa récolte dans quelques semaines. Que fera-t-il avec ce montant? Quelle sera la meilleure stratégie? Quels pièges doit il redouter? Disposera-t-il de ces prix tous les ans? Daniel Adam, des entreprises Adam 2000 inc. de Sainte-Élisabeth, Alain Bris son, de la Ferme A et R Brisson ainsi que Maurice Doyon, professeur agrégé à l’Université Laval à Québec se sont pen chés sur la question pour Le Progrès.
Daniel Adam redoute la tentation de s’endetter à long terme dans une telle situation. Le producteur céréalier de Sainte-Élisabeth croit qu’avec des prix à cette hauteur, le faux pas majeur serait de baser sa capacité de payer sur les montants versés actuellement. « Des prix comme ça, je crois que c’est un feu de paille. Tu en profites quand ça passe, sans plus. Ce serait probablement une erreur d’emprunter pour acheter une terre sur 20 ans en se basant sur du maïs à 300 $ la tonne. » Monsieur Adam croit ferme ment qu’une bonne stratégie pour les années à venir serait « d’agrandir par l’intérieur. » Bref, améliorer son fond de terre.
Daniel n’est cependant pas un partisan de la paranoïa. « Nous avons des liquidités supplémentaires et c’est bien d’en profiter. Pas pour se payer des bébelles, mais pour des choses essentielles, oui. » Le seul gros déboursé que les entreprises Adam 2000 inc. feront en 2012, c’est de se doter d’un élévateur. « Je l’ai acheté parce que le marché me le permettait cette année », insistait Daniel. La sécurité à la ferme a également été rehaussée au coût de quelques milliers de dollars. Les prix que le marché offre depuis quelques années engendrent des revenus passablement plus élevés que dans les années antérieures. Certains économistes agricoles suggèrent carrément de liquider des emprunts reliés à l’achat de terre. Là aussi, un temps de réflexion s’impose. « Je ne pense pas que l’on doive se précipiter à payer une terre. Elle sera toujours là et en plus, elle prend de la valeur. » Sans trouver plaisant de participer au budget de Pauline Marois et de Stephen Harper, Daniel Adam croit que les mentalités doivent changer. « C’est un vieux réflexe chez nous de vouloir éviter de payer de l’impôt. Parfois, ça nous pousse à investir dans des équipements superflus. Nous allons devoir apprendre à payer un peu », disait-il.
Le prix des terres agricoles préoccupe également l’agriculteur de 54 ans. Y a-t-il un prix maximum pour une acre de terre? Daniel y a été d’une réflexion intéressante à ce sujet. « Le prix des terres… je ne pense pas qu’il y ait une bonne réponse à cette question. Quand elles ont atteint 2 000 $ (l’acre), nous avons trouvé ça très cher. Quand elles ont passé le cap des 5 000 $, nous avons fait le saut. Là, elles sont à plus de 9 000 $ et elles se vendent tout de même. Ce n’est plus une question de rentabilité à ces prix-là, mais ta vision de l’avenir. La relève, l’investissement, ta capacité de payer, tous ces éléments vont t’influencer. C’est devenu un choix de vie. Une personne qui n’a pas une bonne vie avec 1000 acres de terres et les prix que nous touchons pour les céréales ne sera pas plus heureuse avec 1500 acres. »
Les entreprises Adam 2000 inc.
Maïs grain 202,2 ha, Soya 173 ha, Azuki 63 ha, Orge 9,1 ha
Par Stéphane Payette, t.p. Expert-Conseil végétal, La Coop Novago