Les 5 incontournables de l’ensilage de maïs

Publié le 12 octobre 2017

Jean-François Lemay, agr., conseiller spécialisé ruminants

La Coop fédérée

L’ensilage de maïs est un fourrage important, voire même stratégique, pour plusieurs producteurs laitiers. C’est pourquoi il faut prendre certaines précautions pour bien réussir cette récolte.

Qui dit bonne qualité, dit bonne quantité d’énergie contenue dans chaque kilo de matériel. L’énergie de l’ensilage de maïs est directement reliée à sa teneur en NDF, à son contenu en lignine et à sa quantité d’amidon. De plus, il faut tenir compte de la digestibilité de la fibre NDF ainsi que de l’amidon qu’apporte cet ensilage pour bien évaluer sa qualité.

Pour ce faire, il y a 5 incontournables à maîtriser pour obtenir LE MEILLEUR ensilage de maïs :

  • Matière sèche récoltée
  • Longueur de coupe
  • Conditionnement
  • Rapidité de chantier
  • Reprise

MATIÈRE SÈCHE RÉCOLTÉE

La matière sèche à laquelle la plante sera récoltée dictera l’intensité de la fermentation, mais elle aura aussi un impact sur la consommation de ce matériel, ainsi que sur sa digestibilité. Le chercheur Normand St-Pierre a démontré que la consommation et la digestibilité de l’ensilage de maïs étaient directement liées à sa teneur en matière sèche. Selon ses données, la zone idéale pour obtenir la meilleure digestibilité (meilleure énergie potentielle) ainsi que la meilleure consommation de matière sèche se situe entre 31% et 33% de MS, comme le montre la figure 1.

Randy Shaver de l’Université du Wisconsin a, quant à lui, démontré par une étude effectuée en 2012 (circonstances laitières américaines) qu’il pouvait y avoir jusqu’à 20 000 $ de différence de revenu annuel en lait pour un troupeau de 100 vaches quand l’ensilage de maïs était récolté entre 30 et 35 % de MS par rapport à un ensilage récolté à moins de 25% de MS ou plus de 40% de MS. Lorsque les plants ne sont pas assez matures ou qu’ils sont trop humides, c’est le manque de dépôt d’amidon qui explique ce manque à gagner, alors qu’en haut de 40% de MS (trop mature) c’est plutôt la baisse de digestibilité de la fibre et de l’amidon qui explique ces pertes monétaires

Donc, on peut affirmer que la structure d’entreposage deviendra un facteur limitant la qualité de cet ensilage…

Un niveau de matière sèche optimal favorisera également tout le processus de fermentation. Un ensilage trop humide retarde la stabilité de ce dernier et augmente les risques de fermentation secondaire néfaste comme la production d’acide butyrique. D’un autre côté, un ensilage trop sec risque de favoriser une fermentation aérobie plus importante, une moins bonne compaction donc une perte de matière sèche et une détérioration de la qualité de l’ensilage par les levures et les moisissures.

LONGUEUR DE COUPE

La longueur de coupe théorique (LCT) influencera et sera influencée par plusieurs facteurs. Premièrement, la longueur de coupe aura un effet direct sur la densité de l’ensilage. Deuxièmement, la longueur de coupe devrait être en fonction de la matière sèche récoltée. Les particules devraient être plus longues lorsque la matière sèche est plus faible et la LCT devrait être plus faible lorsque la matière sèche est plus élevée. Cette démarche vise toujours à garder une densité optimale. Troisièmement, la LCT devrait être ajustée en fonction de la quantité d’ensilage de maïs servie par vache par jour.

CONDITIONNEMENT

L’échelle du niveau d’attaque des grains contenus dans le maïs ensilage nous informera sur l’ajustement de la fourragère et sur le niveau de digestibilité potentiel de l’amidon. Des méthodes rapides de validations existent pour apporter des réajustements au champ, mais certains laboratoires offrent un test (Kernel Processing Score) plus précis pour évaluer cette valeur.

Selon une méta-analyse regroupant 27 études portant sur la digestibilité du maïs ensilage, l’Université Cornell en 2012 en est venue à la conclusion que le maïs ensilage récolté avec rouleau craqueur avait pratiquement toujours une meilleure digestibilité d’amidon que le maïs ensilage récolté de façon conventionnelle. Comme le démontre la figure 2, l’impact des rouleaux craqueur est encore plus grand lorsque la récolte est à plus de 32 % de MS.

RAPIDITÉ DE CHANTIER

En plus d’être un indicateur d’efficacité du chantier et de rentabilité de machinerie, la rapidité avec laquelle la récolte sera faite diminuera les pertes, et ce, peu importe la structure d’entreposage. La mise en silo se doit d’être rapide et continue si possible, car des pertes importantes de MS sont liées à la présence d’oxygène dans le système. Visez un remplissage efficace et couvrez rapidement. Moins d’exposition à l’air = moins de pertes ! Les machines doivent être prêtes. Assurez-vous aussi d’avoir suffisamment de poids au niveau de la machinerie qui compactera le matériel. Il existe des formules simples de calcul pour s’assurer que l’appareil utilisé pour compacter est assez lourd.

REPRISE

Dans de bonnes conditions de fermentation, on peut considérer que l’ensilage de maïs est stable à partir d’environ quatre semaines après l’entreposage. Toutefois, il a été démontré que bien que l’ensilage de maïs se stabilise assez rapidement, la digestibilité de l’amidon continue quant à elle de s’améliorer pendant plusieurs mois.

Une étude française (Mahana et al, 2010) a par ailleurs démontré qu’entre le 50e et le 275e jour d’entreposage, il y avait une augmentation de la digestibilité de l’amidon de plus de 20% ! La digestibilité doit donc être suivie périodiquement. C’est aussi pour cette raison que de plus en plus de producteurs s’équipent de structures d’entreposage pour posséder au-moins 15 mois d’entreposage d’ensilage de maïs. De cette façon, ils sont certains d’avoir de l’ensilage fermenté tout au long de l’année et de profiter d’une digestibilité optimale durant tout ce temps! Augmenter la grosseur de la structure d’entreposage ne doit pas, par contre, compromettre le prélèvement minimum journalier requis pour assurer de minimiser la pénétration d’oxygène à la surface.

Par exemple, pour des silos verticaux, des prélèvements de 10 cm durant l’été et de 5 cm durant l’hiver sont des valeurs souvent véhiculées. Ces valeurs proviennent d’études comme celle de la figure 3 parues en 2003.

Voilà les cinq facteurs à contrôler pour l’obtention d’un ensilage de qualité. Si vous avez des questions, votre expert-conseil de La Coop Novago saura vous guider pour optimiser vos ensilages.