Le tableau mensuel La Coop: pour aller plus loin que le coût des concentrés/hl!

par Nicolas Marquis, T.P., conseiller spécialisé

Bien sûr, on doit toujours porter attention aux coûts d’alimentation. Cependant, il faut rester prudent quant aux choix à faire puisque parfois, les revenus peuvent baisser plus rapidement que les dépenses selon les choix qui s’offrent à nous…

Prenons l’exemple d’une ferme de 100 kg qui vient de terminer une très bonne année. Les propriétaires sont très satisfaits; une production de 10 500 kg, 4,0 kg/hl de gras et 3,45 kg/hl de protéine, 400 jours d’intervalle vêlage et aucun problème particulier au niveau de la santé du troupeau. Lors de l’analyse des résultats financiers, le comptable remarque que le coût en concentrés/hl pour cette ferme est supérieur de 2 $ par rapport à la moyenne des fermes analysées. Donc, un sentiment d’échec habite maintenant les propriétaires… Mais qu’en est-il vraiment, que peut-on conclure?

Tout d’abord, que représentent ces 2 $/hl? Environ 18 000 $/année. Cette ferme a pourtant vendu 12 000 $ de plus en protéine que la moyenne du groupe avec son taux de 3,45 kg/hl, il faut en tenir compte… L’écart n’est plus que de 6000 $. En raison de son niveau de production, cette ferme a besoin de 20 vaches de moins que la moyenne des fermes pour faire son quota, elle économise 150 tm de fourrages/année pour les vaches et les sujets de remplacement, soit environ 27 000 $ si on considère le prix des fourrages à seulement 180 $/tonne de M.S. Elle devient donc plus rentable de 21 000 $, mais, pourtant, son coût de concentrés/hl est plus élevé, ne l’oublions pas.

Chaque année, le Rapport annuel de Valacta indique qu’avec l’amélioration de la production laitière, vient aussi l’amélioration du lait fourrager et la baisse du coût/hl. Pourtant, lorsqu’un producteur se fait dire que ses coûts de concentrés/hl sont élevés, son premier réflexe est de couper les quantités de concentrés ou d’en acheter des moins chers, qui n’ont pas toujours les mêmes caractéristiques nutritionnelles. Un aliment moins cher, non adapté, est peut-être encore trop cher.

Il faut faire très attention aux paramètres pris individuellement. Le coût/hl des concentrés en est un et le prix du lait/hl un autre. Par exemple, est-ce que vendre le lait 2 $/hl de plus est toujours plus rentable? Si, pour ce lait plus riche en composantes, la moyenne du troupeau est inférieure et qu’il faut avoir plus de vaches pour faire le quota, le bénéfice pourrait être très différent de la perception. Une autre question importante qui affecte le revenu net total : quel est le lait produit total par rapport au droit total de produire? Même avec un coût très bas et un prix du lait élevé, est-ce que le bilan net est à son plus haut si le quota n’est pas fait au complet et que les journées additionnelles ne sont pas produites?

Le tableau mensuel La Coop

Afin de bien mesurer l’évolution de plusieurs résultats techniques et économiques, le tableau mensuel La Coop, est une fusion de vos informations de la paie de lait, des performances sur le sommaire du contrôle laitier, de vos achats à La Coop et d’intrants produits à la ferme. Le tableau mensuel se veut un document de référence qui permet de suivre en temps réel l’évolution des performances technico-économiques de l’entreprise. On y retrouve, en plus de plusieurs informations de la paie et du contrôle laitier fusionnés, la notion de marge par kg de gras. Cette marge est calculée avec le revenu total de la paie de lait moins les déductions de la paie et l’alimentation de TOUT le troupeau. En multipliant cette marge/kg par les kg produits, nous obtenons le revenu net mensuel, ramené sur une base 30 jours, à des fins de comparaison.

Source : Tableau mensuel La Coop. (Une portion du tableau de la ferme Exemple)

L’objectif de cette marge 30 jours est de connaître quel est le revenu net par mois pour une ferme, après avoir payé les frais d’alimentation totaux de tout le troupeau (sujets de remplacement, vaches taries, vaches en lactation). Ce calcul simple donnera parfois de grandes surprises, par le constat que les mois les plus rentables ne sont pas toujours ceux avec les coûts de concentrés les plus bas. C’est le cas dans le tableau de la ferme Exemple, qui a libéré 8788 $ de plus en septembre qu’en août, malgré une augmentation de 2,16 $/hl en coût de concentrés. Par exemple, lorsque comparée au mois précédent, si la quantité d’hectolitres produits est plus élevée, que les journées additionnelles de production permise sont faites et que les composantes sont meilleures, la rentabilité peut être meilleure même si les coûts/hl sont plus élevés.

Il est très important de prendre le temps de valider avec votre expert-conseil quels sont vos objectifs au niveau technico-économique. Et pour le faire, un outil comme le tableau mensuel vous donne des informations pertinentes et précises, et non des perceptions, se veut un allier important dans le suivi de votre ferme. Une fois les objectifs bien définis, il faut voir à trouver les facteurs limites faisant obstacle à leurs atteintes, et travailler à les améliorer. Vous pourrez ainsi faire le constat final du revenu net par mois, et ce, dès le mois suivant… Vous constaterez que suralimenter et sous-alimenter, ça peut coûter cher en revenu net!

On pourrait aussi se poser d’autres questions importantes affectant la rentabilité, qui ne sont pas dans le tableau mensuel, comme celle sur le bilan des transactions d’animaux. Par exemple, pour deux situations de quota identiques de 100 kg, la ferme A qui achète pour 10 000 $ de vaches par année afin de produire son lait, soit seulement 3-4 vaches en moyenne. La ferme B quant à telle vend pour 10 000 $ de vaches (très bonne alimentation, santé, composantes, longévité). Auront-elles la même rentabilité? Ce différentiel de 20 000 $ représente 2,20 $/hl. Devrait-on le déduire des coûts d’alimentation?  Autre question, un nombre de vaches beaucoup plus élevé pour faire le quota : devrait-on prendre en considération les frais de main d’œuvre additionnelle? Voici donc d’autres raisons pour lesquelles il faut aller plus loin que le coût des concentrés/hl si on veut mesurer la rentabilité d’une ferme.

Conclusion

Il faut savoir ce que ça coûte de produire, en tenant compte de tout. Ce que ça coûte de ne pas produire, il faut aussi le savoir! Faites comme plus de 800 fermes, et abonnez-vous gratuitement au tableau mensuel La Coop : vous aurez alors un outil de suivi technico-économique de grande valeur pour vous aider à faire des constats et prendre des décisions. N’hésitez pas à contacter votre expert-conseil La Coop pour plus d’information!