Le sous-solage et la compaction des sols

Publié le 2 septembre 2014

Compaction du solLa compaction des sols cultivés n’est pas un nouveau problème. Bien que les producteurs agricoles soient très bien avisés de la compaction et des conditions de travail du sol, nous avons constaté à dans la région un nombre considérable de champs présentant une compaction de profondeur. Tout comme l’acidité, la compaction d’un sol agricole figure en tête de liste des facteurs limitatifs du rendement. Un sol en bonne santé physique est constitué de 25 % d’eau, 25 % d’air, 45 % de matière minérale et 5 % de matière organique.

Depuis plusieurs années, le poids des équipements agricoles circulant dans les champs n’a cessé d’augmenter. Dans les années quatre-vingt-dix, la charge exercée par des citernes à lisier de deux à trois essieux était de l’ordre de 7 à 8 tonnes par essieu. L’ensemble du parc de machinerie (tracteurs, moissonneuses, boîtes à grain, etc.) a suivi des tendances vers des charges de l’ordre de 11 à 12 tonnes par essieu depuis quelques années. Certaines opérations culturales sont également exécutées à plus grande vitesse dans des conditions de sol non-optimales. De telles charges appliquées au sol entraînent de la compaction en profondeur dans bien des sols cultivés. Des études antérieures ont montré que l’on peut enregistrer une baisse de rendement variant de 10 à 30 %. Dans un sol compacté, la densité apparente du sol augmente considérablement réduisant ainsi l’espace poral du sol. Cette situation affecte négativement la vitesse du drainage, la disponibilité de l’air et de l’eau. À titre d’exemple, un sol argileux dont la densité apparente est supérieure à 1,7 g/cm présentera une restriction à l’enracinement de la plupart des plantes. Si la compaction dans la couche de sol travaillée peut être remédiée à plus ou moins court terme par des changements au niveau des pratiques agricoles en réduisant le travail réduit du sol par exemple, la compaction sous cette couche de surface pourrait persister durant de nombreuses années, voir même ne jamais disparaître. Alors que la compaction à la surface du sol est principalement reliée à la pression exercée par les pneus et le lissage dans des conditions critiques de teneur en eau du sol, la compaction profonde résulte plus particulièrement de la charge appliquée par essieu.

Un bon diagnostic avec des profils de sol et l’analyse de l’égouttement et du drainage des champs demeurent essentiels avant d’entreprendre ou de recommander toute intervention d’envergure. Il est généralement recommandé de vérifier et de régler les problèmes d’égouttement de surface et de drainage interne avant d’entreprendre des travaux de décompaction profonde. La décompaction mécanique du sol réalisée de 30 à 60 cm de profondeur (sous-solage) a des effets variables sur la compaction profonde et l’augmentation de la productivité. Réalisé dans de bonnes conditions (sols secs, orientation des travaux), le sous-solage sert à initier un long processus de régénération du sol. L’orientation des travaux de sous-solage en fonction des drains, des pentes du terrain ainsi que du trafic usuel permettrait de mieux évacuer cette eau et de réduire les risques de compaction subséquente. Par exemple, en sol argileux, il doit être fait perpendiculairement aux drains dans des conditions particulièrement sèches pour améliorer l’efficacité du sous-solage.

Il faut faire attention aux pièges :

Une multitude de conditions du sol et d’opérations peuvent annihiler les effets escomptés avec le sous-solage. Par exemple, le lissage du sol en conditions humides ou l’accumulation d’eau dans les zones sous-solées peuvent rendre les travaux de sous-solage improductifs. Les zones sous-solées sont aussi particulièrement sensibles à la recompaction si elles demeurent saturées d’eau, restreignant même la croissance des cultures. Après le sous-solage, le sol ne doit pas subir de charge ni de trafic excessifs jusqu’à ce que la structure se soit améliorée et stabilisée dans le sillon. Dans certains sols moins perméables en profondeur, où la présence excessive de limon rend la structure instable, le sous-solage pourrait même diminuer leur productivité en pulvérisant le peu de structure existante.

Finalement, il convient de garder autant que possible un poids à l’essieu à 5 à 7 tonnes/essieu surtout si vous devez rentrer dans un champ dont le taux d’humidité est élevé comme au printemps ou après une succession de journées pluvieuses. Les sols argileux sont essentiellement plus sensibles. Lorsque la charge à porter ou à traîner est considérable, pensez à installer des pneus doubles ou triples afin de réduire l’empreinte au sol et de diminuer la pression (poids par unité de surface) au niveau du sol. Diminuer la pression des pneus et installer des pneus radiaux, car ces derniers ont l’avantage de supporter des basses pressions et exerceront à peu près la même pression au sol. Adopter les pratiques de conservation des sols comme le semi-direct. Voir mon dernier article sur les avantages de cette pratique.

 

Sources :

La compaction des sols : Les causes et les solutions  par Georges Erick Tsague

Le sous-solage règle-t-il les problèmes de compaction?  Marc-Olivier Gasser,Ph.D., agronome

Par Pierre-Luc Brouillette, agr. Coordonnateur agriculture durable,