Le PSA, l’eau et la performance

Publié le 16 juillet 2012

L’avènement du Programme de Santé Animale (PSA) dans nos bâtisses peut sembler contraignant à première vue. Accompagné du PASAF, il faut rajouter des colonnes sur les formulaires de prises de données quotidiennes pour répondre à ceux-ci, voire la densité animale, les températures minimales et maximales, l’humidité relative et la consommation d’eau. Mais tout d’un coup que l’on saisirait l’opportunité d’utiliser ces données pour vérifier notre régie de bâtiments et d’ajuster celle-ci pour optimiser les performances des oiseaux qui s’y retrouvent?

Une des choses les plus importantes durant l’élevage de nos poulets, à partir du jour zéro jusqu’à la toute fin, est de s’assurer que les oiseaux mangent. En fait, c’est la chose ultime pour laquelle on élève du poulet. Mais comment s’assurer que les oiseaux mangent bien la quantité de moulée qu’ils doivent manger?

Nous pouvons bien prendre le taux de mortalité pour savoir comment ça va en matière de santé, cela ne nous donne pas un indice précis de performance. Observer nos oiseaux pour voir et entendre leur comportement, « est-ce qu’ils ont l’air bien? », c’est certainement une bonne chose aussi, mais cela ne nous donne pas une mesure de performance. Il y a bien quelques balances électroniques que certains producteurs ont installées dans leurs bâtisses, elles nous donnent une mesure du poids des oiseaux qui embarquent sur la balance (à peu près toujours les mêmes, situés près des balances), c’est déjà mieux comme indice de performance, mais leur nombre est insuffisant et leur coût assez élevé. Une balance située sur les silos pour vérifier la consommation de moulée quotidienne serait extraordinaire à avoir pour indiquer si les oiseaux consomment suffisamment, mais nous n’y sommes pas encore; le coût est assez prohibitif (imaginez une balance par silo) et la fiabilité et la résistance semblent difficiles à obtenir avec nos hivers. Il reste donc la consommation quotidienne en eau.

Les recherches démontrent (Université de Géorgie, 2001, 2006) que les consommations en moulée et en eau sont fortement reliées et que la prise de l’un sera un bon indice de la prise de l’autre. Un litre d’eau pèse 1 kilo. Ce à quoi on s’attend, c’est que les oiseaux vont boire (selon les fermes, la race d’oiseau et le type d’eau que l’on a) selon un ratio de 1,5 kilo à 1,8 kilo d’eau par kilo de moulée. Ceci sera constant du début de l’élevage jusqu’à la fin. Il s’agit de déterminer pour sa ferme cette constance. Ce qui est encore plus important à observer est la progression quotidienne de la consommation d’eau. Chaque jour, vous devriez observer une augmentation de celle-ci, sinon, c’est que quelque chose se passe. Lorsque vous avez une baisse ou une hausse subite de la consommation, il faut trouver la raison pour y remédier ou pour constater que c’est normal… Par exemple, c’est l’été et il a fait plus chaud, ou; il y avait huit heures de noirceur et il y en a maintenant quatre de moins, ou; j’ai changé de moulée et il y a un impact, ou; j’ai monté la hauteur des plats ou des tétines et les oiseaux ont un accès limité à la moulée et à l’eau, ou; le bâtiment a été en sous-ventilation ou en surventilation et le confort des oiseaux en a été affecté, ou; ajout trop important de chlore dans l’eau, ou; mes oiseaux sont en train de tomber malades, etc.

Tous ces éléments, et autres, vont influencer la consommation d’eau et celle de la moulée. Les éleveurs qui auront le meilleur suivi et la meilleure interprétation de celles-ci, et sauront réagir rapidement pour les rétablir, seront ceux qui maximiseront la performance de leurs oiseaux et qui feront le plus de profit.

Par François Lefebvre, agr. M. Sc, Expert-conseil avicole La Coop Novago