Le jour de la marmotte

Publié le 2 mai 2014

Ag durable_IMG_064223 mars 2014. Le froid et l’hiver perdurent plus longtemps qu’à l’accoutumée. Est-ce un signe que le printemps sera court? Qui sait? Mais la nature finit toujours par reprendre son cours, les semis reviendront et dans deux mois les rangs de maïs, fève soya et blé seront bien visibles, tant ici, que partout en Amérique. Par contre, ce qui pourrait être un peu moins visible, c’est le maïs. On prévoit aux États-Unis une diminution des ensemencements de l’ordre de 3,5 % par rapport à 2013. Ce pourcentage de diminution devrait se refléter ici aussi au Québec car nous observons les mêmes tendances lorsque nous analysons les ventes de semence et les commentaires de tous et chacun.

 

Pourquoi ces intentions de diminution d’acrage dans le maïs? Depuis 2-3 ans, les prix de maïs n’ont cessé de croître, rendant cette culture attrayante. Par contre, depuis plusieurs mois l’inverse se produit. Les prix du maïs, depuis la récolte 2013, sont en diminution pendant que ceux de la fève soya descendent moins rapidement. Le ratio fève soya/maïs autrefois à 2,25 est aujourd’hui rendu à 2,43 en faveur de la fève soya. La demande chinoise pour la fève soya continue de supporter le marché, même si le Brésil et l’Argentine connaissent une excellente récolte. De plus, le temps sec en Amérique du Sud risque de couper quelque peu les rendements prévus. Et si, à cause d’un printemps tardif, les producteurs doivent changer de culture, la fève soya semble toute indiquée. La crise Ukrainienne ajoute aussi un soupçon d’incertitude à l’économie mondiale compte tenu de leur importance en production de blé et maïs.

 

Selon des analystes américains, la tendance des prix, quoique toujours conditionnée par la température et l’importance des rendements, devraient connaître un fléchissement. Ainsi, il ne faudrait pas s’étonner de voir les prix du maïs dégringoler vers les 3,90 $ – 4,00 $/boisseau d’ici la récolte, tandis qu’on verrait la fève passer de 12,70 $ à 9,65 $/boisseau et le blé de 6,80 $ à 5,30 $/boisseau. Notez que ce scénario était aussi envisagé lors de la récolte 2013, mais nous voilà revenu à 4,80 $ dans le cas du maïs spot. Comme quoi tout peut changer de direction advenant des motifs imprévus.

 

Localement, après avoir connu des prix de maïs autour de 170 $ à la fin de l’année 2013, nous avons eu la chance de voir notre huard baisser pavillon devant la devise américaine et voir sa valeur descendre jusqu’à 0,90 $ américain, ce qui a automatiquement poussé nos bases à la hausse. Par le fait même, ceci a entraîné les prix de maïs à 200 $/TM et ceux de la fève soya à tout près de 600 $/TM livré au port. Curieusement, lorsque le dollar baisse, nos prix locaux remontent et la demande à l’exportation redécolle, créant ainsi une demande et stimulant les prix de plus belle. Bien sûr, une combinaison de baisse du dollar et d’une augmentation des contrats à terme sur les marchés à terme est ce qui peut arriver de mieux pour les producteurs de cultures commerciales. C’est ce qui se produit présentement. Profitez-en donc pour protéger une partie de votre future récolte en fermant, soit le prix au complet ou, à tout le moins, votre base. Il serait très étonnant de voir notre dollar se rendre à 0,80 $ américain. Pensez-y bien !

Par Jean-Pierre Aumont, t.p. directeur des grains, La Coop Novago