La relève en aviculture

Publié le 22 avril 2014

Young chick in cupped handsOn entend beaucoup parler de relève quand on assiste aux assemblées de la Fédération des Éleveurs de volailles du Québec. Le système de contingentement a été établi au début des années 1970 avec les producteurs qui, à ce moment-là, étaient déjà en production. Ces gens-là ont vieilli bien sûr. Les temps ont changé. Bien sûr, une relève s’établit au fur et à mesure que le temps avance, pendant que les plus vieux appuient souvent celle-ci à s’établir avant de laisser leur place. Mais quelle est donc cette relève et quels sont les défis que celle-ci entrevoit pour les années futures? À La Coop Novago, la relève ne manque pas. Nous avons échangé avec une partie de celle-ci sur ce qui les motivait à être en aviculture aujourd’hui. Voici un court extrait de leurs témoignages :

Patrick Lépicier, St-Félix-de-Valois.

« Lorsque j’étais jeune adolescent, j’aimais beaucoup le sport et je n’étais pas sûr de mon avenir. L’avenir scolaire ne m’intéressait pas vraiment, mais mes goûts se sont précisés. J’ai évolué en agriculture. En plus des poulets, il y avait l’élevage de bœuf de boucherie, les foins à faire et un peu de grande culture. J’aimais ça et j’ai pu plonger, supporté par ma famille. Ça fait maintenant 5 ans que j’ai débuté et si ça n’avait été du moratoire en aviculture qui dure depuis 4 ans, j’aurais déjà établi une 2e bâtisse. Tout est planifié dans ma tête et sur le terrain, mais je suis perplexe devant ce qui se passe pour le réaliser. J’aimerais bien faire grandir la ferme, car moi aussi je veux avoir des enfants qui pourront s’établir à leur tour, le moment venu. Je veux perpétuer l’honneur du nom Lépicier en aviculture. Mon grand-père était aviculteur, c’est lui qui a fait démarrer la ferme; mon père est devenu aviculteur à son tour, il y est encore, et maintenant ma sœur et moi. »

Simon Bergeron, Louiseville.

« Je suis petit-fils de Fernand et fils de Henry. J’ai été élevé en aviculture. Durant les congés et vacances scolaires, je travaillais à la ferme et j’aimais ça. Je n’aimais pas vraiment l’école et je ne me voyais pas continuer longtemps. J’aurais bien aimé, par contre, suivre un cours professionnel en aviculture (DEP), mais ça n’existait pas. Il y en avait juste en agriculture où l’accent était mis bien plus souvent sur les vaches, les porcs et les grandes cultures. J’étais déçu de cette situation et je me suis retrouvé à apprendre sur le tas tout ce qui touche à l’aviculture : la mécanique, la ventilation des bâtisses, le soin à donner aux oiseaux, la gestion des fumiers et l’environnement. J’espère bientôt prendre en charge la gestion complète de mon bâtiment et je vois l’avenir d’un bon œil. »

Mélanie Mercier, St-Roch-de-L’Achigan.

« J’ai été élevée en aviculture. Par contre, j’ai fait mon cégep en administration et un Bac en comptabilité. Je voulais me diriger dans ce domaine, mais je voyais bien qu’en cours de route, je ne voulais pas être à temps plein là-dedans. L’opportunité s’est présentée par mes parents, de pouvoir me lancer en aviculture. Je voyais cela d’un très bon œil, car l’idée d’avoir ma propre entreprise et d’être présente à la maison pour élever ma famille, me souriait beaucoup. J’y travaille avec mon conjoint, mais avec ce qui se passe actuellement à la Fédération, je ne suis pas sûre de pouvoir faire progresser ma ferme et peut-être il faudra en venir à ce qu’un des deux retourne sur le marché du travail, à l’extérieur. »

David Mercier, St-Roch-de-L’Achigan.

« J’ai été élevé dedans, comme on dit. À 12 ans, je ne pensais pas à l’aviculture. C’était tout, mais pas ça! À 16 ans, par contre, les choses se sont précisées et j’ai vraiment pris la décision de me lancer. C’est pourquoi je suis allé faire mon cours au cégep en agriculture afin de me donner des outils pour avancer. J’ai pu prendre une partie de la ferme familiale et mon défi à court terme en est un financier, si je peux dire. Je suis, par contre, assez confiant de la demande des consommateurs pour la viande de poulet. C’est une belle viande de qualité, maigre et de santé. C’est aussi une espèce qui a une très belle performance et qui a une empreinte environnementale positive avec le peu de moulée nécessaire pour faire un kilo de viande. »

Philippe Bellerose, St-Félix-de-Valois.

« J’ai été élevé en aviculture avec mon grand-père et mon père. Prendre la suite est tout naturel pour moi. J’ai bien suivi un cours en mécanique. Ça m’a bien servi dans mes courses de « quatre roues », j’aimais ça, et ça continue de me servir sur la ferme avec tous les besoins mécaniques qu’on y retrouve. J’aime aussi l’idée d’être mon propre patron. Par contre, je trouve l’avenir incertain. Je voudrais bien acheter du quota, mais l’accessibilité est assez limitée depuis 4 ans. En attendant, je cherche des moyens pour réduire les coûts de production et d’être dans les meilleurs résultats. J’entrevois aussi la perspective qu’il faille peut-être se diversifier en achetant des terres, par exemple, pour faire de la grande culture. »

Caroline Lépicier, St-Félix-de-Valois.

« J’ai été élevée en aviculture. L’idée d’être mon propre patron me souriait beaucoup. J’étais plus stimulée par l’idée d’avoir ma propre entreprise que de travailler pour d’autres, ce que j’avais fait les premiers temps. Être mon propre patron est une belle source de motivation : j’aime le défi de faire toujours mieux et de progresser dans mes performances. Chez nous, il y a une saine compétition familiale et c’est stimulant. J’ai aussi un beau support familial avec mon père et mon frère. Il ne faut pas se le cacher, avec la grosseur que j’ai, j’ai besoin d’aide lorsque surviennent les besoins en mécanique et en construction. Ma gang est toujours là. Enfin, je vois l’avenir quand même d’un bon œil. Je vois les gens en place à la Fédération et je peux dire qu’ils ont le souci de la relève et qu’ils travaillent fort pour l’avenir de tous les producteurs. »

On voit bien ici que cette belle relève est une 3e génération d’éleveurs de volailles. Bien ancrée dans la tradition de toujours bien faire, la relève à La Coop Novago élève par année du poulet pour nourrir l’équivalent de la ville de Gatineau, soit à peu près 265,000 personnes.

Par François Lefebvre, agr. M.Sc. Expert-conseil avicole, La Coop Novago