La régie aux bouts de vos doigts!

Publié le 11 mars 2015

porceletUne bonne régie permet d’exploiter au maximum le potentiel génétique de vos animaux et ce, en améliorant le GMQ, la conversion alimentaire, la mortalité de votre élevage et comme résultat final l’argent que vous mettrez dans votre portefeuille. Évidemment ce sont des points sur lesquels nous revenons régulièrement, mais il est toujours bon de se remettre en question, de réévaluer nos façons de faire, de sorte que nous gardions la rigueur qui fait la qualité du porc québécois.

  1. L’AIR : tout d’abord, il faut un bon entretien du système de ventilation entre chaque lot. C’est-à-dire, resserrer les prises d’air pour éviter les vallons, vérifier les contrôles et les sondes, recalibrer votre système au moins une fois par année. La température ambiante minimum devrait se situer le plus près de la consigne ou un degré Celsius en-dessous et le taux d’humidité autour de 70 %. Pour ce faire, la rapidité d’intervention est primordiale lorsqu’il y a de grands écarts de température extérieure, visez un écart minimum-maximum de trois degrés Fahrenheit. Utilisez également des outils pour mieux gérer la ventilation : prendre les températures min-max en note tous les jours, vérifier les temps de chauffage. Le but est d’avoir une ventilation optimale sans chauffer à l’excès. Surtout, les ventilateurs du premier palier ne doivent jamais s’arrêter! La qualité de l’air passe par la sortie des émanations d’ammoniac et l’entrée d’oxygène.

 

  1. L’EAU : la disponibilité de l’eau est un incontournable pour favoriser le gain. Voici des indices pour l’évaluer :

porc

La qualité de l’eau est tout aussi importante, les analyses d’eau bactériologiques annuelles sont fortement recommandées dans le programme AQC. De même, les lignes doivent être désinfectées entre chaque lot. Il existe différents produits peu coûteux pour le faire (ex. : eau de javel) avec le médicamenteur. Vérifiez avec votre expert-conseil ou vétérinaire pour connaître la bonne dilution selon le produit.

  1. L’ALIMENTATION : évidemment les recettes de moulée jouent un grand rôle dans cet aspect, mais quotidiennement à la ferme vous pouvez faire la différence. En maternité, il est important d’ajuster les programmes alimentaires en fonction du stade physiologique des truies, 40 % du poids du fœtus se prend dans les 40 derniers jours de gestation, ce qui nous amène à un poids de portée et de sevrage plus élevé. Pour la pouponnière et l’engraissement, l’ajustement des trémies doit être constant. Pour une trémie sèche, il faudrait pouvoir voir de 50 % à 70 % du fond et pour une trémie humide un mélange de 60 % d’eau et 40 % de moulée (pensez à une soupe aux pois cheap!). La propreté jouera aussi un rôle. Par exemple, pour éviter l’apparition de prolapsus : videz entièrement les trémies à quelques occasions pour s’assurer qu’il ne reste pas de moulée en pain prête à moisir, évitez d’avoir des lignes d’eau qui passent au-dessus de celles-ci, enlevez les excréments rapidement pour ne pas restreindre la prise alimentaire.
  1. ENVIRONNEMENT : une hygiène du bâtiment efficace passe par au moins 6 étapes.
  • Décapage; enlever la matière organique
  • Savonnage; vérifier la dilution recommandée et l’ajustement des canons-mousseurs
  • Lavage; il ne devrait plus y avoir de coup de roto buse sur le béton
  • Séchage; important pour améliorer l’efficacité du désinfectant
  • Désinfection; comme pour le savon, porter attention à la dilution recommandée
  • Séchage; incontournable pour une désinfection efficace

Il faut également : établir un bon protocole de contrôle des pathogènes, que ce soit la vermine, les mouches, les ascaris qui causent des taches aux foies ou la moisissure. Éliminer les risques de blessures, ce qui réduira du même coup les kilogrammes de démérites à l’abattoir. Se garder 10 % de parc pour les malades, excluant les parcs pour hernies et les sélections. Respecter les densités, qui selon le nouveau code de bonnes pratiques devraient être de 8 pi2 en engraissement (±10-15 %) et 3,5 pi2 en pouponnière (±15-20 %).

  1. SANTÉ ET BIEN-ÊTRE : chaque jour, chaque parc, chaque porc

Marquez les animaux injectés et leur donner un traitement complet, tel que recommandé par votre vétérinaire. Favoriser l’isolement, faire marcher les animaux pour qu’ils aillent manger et boire, cela favorisera le rétablissement sinon, et surtout, euthanasier rapidement les sujets sans espoir.

  1. COMPORTEMENT : observer le comportement de vos animaux à l’entrée peut vous donner des indices pour mieux gérer celui-ci. Sont-ils vifs ou apathiques? Y-a-t-il de l’achalandage autour de la trémie et des points d’eau? Est-ce que les porcs se battent? Comment et où sont-ils couchés? Passez une minute par parc par semaine en marchant pour que les porcs s’éloignent calmement de vous cela permet de réduire le niveau de stress lors des manipulations et des sorties, tout en facilitant celles-ci.
  1. LUMIÈRE : les porcs ont besoin de lumière à l’état d’éveil et apprécient la noirceur pour dormir. Un 8 heures de lumière consécutifs est préférable en pouponnière et en engraissement avec une intensité qui vous permettrait de lire les gros titres d’un journal posé par terre. Les porcs se déplacent plus facilement vers la clarté; mettre une source de lumière dans les quais d’expédition peut vous faciliter la vie.
  1. TENUE DE REGISTRE : la communication est un élément clé pour une bonne régie, que ce soit envers les autres employés ou les intervenants. Tenir un inventaire journalier, écrire les morts, leur poids, la cause probable, les animaux traités, un outil sous-estimé mais tellement pratique! Des registres bien tenus faciliteront grandement la validation AQC…
  1. RÉCEPTION ET EXPÉDITION : la mise à jeun n’est pas seulement pour les sorties à l’abattoir, c’est aussi bénéfique en pouponnière, on parle alors d’un 6 heures, qui permettra de faciliter la sortie, diminuer l’incidence de prolapses et de morts dans le transport. Les bâtons électriques sont appelés à disparaître, il serait avisé de commencer à s’en passer le plus possible, de manipuler moins de porcs à la fois, de tatouer à l’avance et de pratiquer la patience…
  1. BIOSÉCURITÉ : le dernier doigt mais non le moindre! On ne le répétera pas assez, la DEP est à nos portes. L’entrée danoise est maintenant un minimum dans toutes les bâtisses, continuez de la respecter et agissez comme si le virus était présent à l’extérieur et tout autour de vous.

En conclusion, le secret est dans les détails. La génétique, la qualité de l’air, la disponibilité de l’eau, la vitesse de réaction, ce sont tous des facteurs incontournables pour une bonne régie. Soyez attentifs et rapides et surtout chaque jour, chaque parc, chaque porc. 

Par Marjorie-Audrey Lévesque, agr. Expert-conseil porcin,