Publié le 12 septembre 2014
L’ensilage de maïs est un fourrage important, voire stratégique, pour plusieurs producteurs. Parmi ses qualités, on note le volume potentiel à l’hectare, ce qui n’est particulièrement pas négligeable lors de saisons comme celle de cette année où la deuxième coupe se fait plutôt discrète.
L’énergie de l’ensilage de maïs est directement reliée à sa teneur en énergie, donc à sa teneur en amidon et à sa digestibilité. Il est donc important de récolter un produit de qualité, contenant le plus d’énergie possible.
Normand St-Pierre de l’OSU a démontré que la matière sèche des ensilages de maïs était directement reliée à sa digestibilité et à sa consommation. Que ce soit pour maximiser la consommation volontaire de matière sèche ou sa digestibilité (et donc son niveau d’énergie), on remarque que la matière sèche optimum à la récolte doit se retrouver entre 29 et 35 %.
Randy Shaver de l’Université du Wisconsin a démontré qu’il pouvait y avoir jusqu’à 20 000 $ de différence de revenu annuel en lait pour un troupeau de 100 vaches quand l’ensilage de maïs est récolté entre 30 et 35 % de MS vs < 25 % ou > 40 % de matière sèche. Lorsque l’ensilage n’est pas assez mature (trop humide), c’est le manque d’amidon qui explique cette différence, alors qu’en haut de 35 % (trop mature) c’est plutôt la baisse de digestibilité de la fibre et de l’amidon.
Tout dépendant de la structure d’entreposage, on devrait viser entre 30 et 35 % de matière sèche (30 à 33 % en bunker et 32 à 35 % en silo-tour).
Les producteurs savent déjà tout ça!
Certains diront que les producteurs sont déjà bien conscients de l’importance d’ensiler au bon stade et on voudrait bien y croire, mais quand on regarde les statistiques du laboratoire, on ne peut qu’en douter! On remarque qu’en 2012, sur plus de 2000 échantillons, la moyenne a été de 38 % de MS, que plus de 72 % des échantillons avaient des teneurs en MS supérieures à 35 % et que plus de 40 % des échantillons ont eu des résultats supérieurs à 40 % de matière sèche! Cela représente des pertes de 20 000 $/an pour 100 vaches.
Dame Nature n’est pas toujours de notre côté, mais malgré cela, on peut constater qu’il y a place à amélioration. Il en coûte le même prix pour produire un ensilage de qualité supérieure, et qui rapporte combien plus! La prise d’échantillons au champ aux fins d’analyse de la MS avant la récolte fait partie de notre offre de service chez nos producteurs. Il ne faut pas seulement se fier à la date de récolte, au voisin ou à la ligne de lait.
Un niveau de matière sèche optimum favorisera également le processus de fermentation. Un ensilage trop humide retarde la stabilité de ce dernier et augmente les risques de fermentation secondaire néfaste comme la production d’acide butyrique. D’un autre côté, un ensilage trop sec risque de favoriser une fermentation aérobie plus importante, et donc une perte de matière sèche et une détérioration de la qualité de l’ensilage. Bien sûr, dans les silos de type bunker, le mode de compaction et la reprise journalière jouent un rôle important pour optimiserla fermentation et la stabilité de l’ensilage…
Bien sûr, dans les silos de type bunker, le mode de compaction et la reprise journalière jouent un rôle important pour optimiser la fermentation et la stabilité de l’ensilage…
Dans de bonnes conditions de fermentation, on peut considérer que l’ensilage est stable à partir de trois à quatre semaines. Toutefois, il a été démontré que bien que l’ensilage de maïs se stabilise assez rapidement, la digestibilité de l’amidon continue de s’améliorer durant plusieurs mois. Une étude française a par ailleurs démontré qu’entre le 50eet le 275e jour d’entreposage, il y avait une augmentation de la digestibilité de l’amidon de plus de 20 %! Cela est très révélateur de l’apport en énergie de l’ensilage de maïs.
L’automne est la période durant laquelle les producteurs doivent normalement produire plus de lait; il y a les primes, sans compter qu’il est souvent payé plus cher. Cette période est aussi celle où le lait est plus difficile à produire, car l’ensilage de maïs n’est pas à son optimum de digestibilité et que, souvent, il est servi avant et durant le processus de fermentation. C’est pour cette raison que de plus en plus de producteurs s’équipent de structures d’entreposages de 15 mois pour l’ensilage de maïs. De cette façon, ils sont certains qu’ils ont de l’ensilage fermenté tout au long de l’année et qu’ils profitent d’une digestibilité optimum durant l’automne, les mois oùle lait est plus difficile à faire! Compte tenu des structures d’entreposages, cette stratégie n’est peut-être pas toujours facilement réalisable, mais elle mérite d’être discutée.
Avec le coût de l’Enl qui ne cesse d’augmenter, les producteurs doivent être sensibilisés à l’importance d’optimiser l’énergie et donc la digestibilité de leurs ensilages de maïs.
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