Publié le 12 mars 2018
Comme les fermes grossissent rapidement, l’espace pour héberger le troupeau se restreint peu à peu. Les producteurs essaient d’optimiser le plus possible les places disponibles dans l’étable, rénovant même des parties moins utilisées. C’est ce qui a poussé les Allard à construire une nouvelle pouponnière. En effet, avec l’augmentation du nombre de têtes dans leur troupeau, il devenait de plus en plus difficile d’élever les veaux dans le même espace. Ils étaient plus entassés, et la qualité de l’air n’était pas adéquate. Plusieurs d’entre eux tombaient malades, bref, la situation n’était pas optimale.
Pour faire suite à ce constat, ils ont visité quelques fermes, consulté un ingénieur et divers spécialistes afin de concevoir une pouponnière selon les règles de l’art. En fonction depuis 2013, ce nouveau bâtiment d’une capacité d’environ trente veaux est séparé de l’étable principale. On y retrouve trois parcs (deux avec un accès à la louve et un autre pour les génisses sevrées) et six parcs individuels pour les veaux naissants. Une grande attention a été portée au confort et à la ventilation.
Confort
La pouponnière est spacieuse, bien éclairée, ventilée et chauffée adéquatement. Les veaux ne manquent plus de place puisqu’ils disposent d’une aire de couchage de trente à trente-cinq pieds carrés. En moyenne, les parcs n’accueillent pas plus de cinq veaux, mais pourraient en contenir huit, tout en respectant la norme de vingt-quatre pieds carrés par veau.
Les parcs sont nettoyés au complet deux fois par semaine et l’aire d’alimentation (près des mangeoires et de la louve) est nettoyée tous les jours. Cela est très simple et demande peu de temps puisque la chaîne du nettoyeur passe dans la pouponnière. Ils utilisent de la ripe de bois pour garder les génisses propres et au sec, un point à considérer afin de réduire les risques de maladie. Rappelons qu’une bonne ventilation et un environnement sec sont essentiels pour maintenir un bon niveau de santé et réduire l’incidence des pathogènes. Quant à la lumière, trois rangées de néons éclairent les animaux et fonctionnent selon l’horaire de l’étable des vaches en lactation : ils ouvrent à 4 h et ferment à 22 h.
Les veaux naissants séjournent environ une semaine dans un parc individuel dans le but de s’assurer qu’ils boivent bien et qu’ils sont en santé avant de les placer en groupe. Cela permet de leur servir le colostrum, puis de commencer le lait de remplacement. Les veaux sont ensuite transférés dans le parc des plus jeunes, à la louve.
Lors du sevrage, les génisses demeurent encore quelque temps dans la pouponnière, sans avoir, bien sûr, accès à la louve. Pour faciliter leur travail et diminuer le stress des animaux, les éleveurs regroupent le sevrage de plusieurs génisses afin de les déménager ensemble vers l’étable entravée.
Ventilation et chauffage
Pour les Allard, la ventilation est cruciale pour maintenir une température et une humidité relative adéquates (dans la littérature, les valeurs recherchées sont de 10 à 17 °C et 70 à 80 % d’humidité pour des veaux de 0 à 4 mois [Laurent Larouche ing., Symposium des bovins laitiers, 2006]).
Le système utilisé à la ferme est simple : on retrouve une entrée d’air, deux unités de chauffage au propane et trois ventilateurs. Ils sont situés sur deux murs parallèles, sur la longueur du bâtiment. Sur un premier mur, il y a l’entrée d’air ainsi que les deux chaufferettes. Sur l’autre mur, il y a trois ventilateurs qui tirent l’air en dehors de la pouponnière. La température est maintenue à 10 °C.
Par exemple, en hiver, lorsqu’il fait plus chaud dans le bâtiment (> 10 °C), l’entrée d’air s’ouvre. Si l’air qui y entre est trop froid, les unités de chauffage se mettent en marche pour le réchauffer à la bonne température, avant de le redistribuer près des veaux. Les trois ventilateurs fonctionnent lorsque nécessaire, mais au moins un ventilateur est en marche pour sortir l’air vicié de la pouponnière. Le tout est géré par une boîte de contrôle dans laquelle différentes consignes de température et autres sont entrées.
L’ajout de cette pouponnière a paru à différents niveaux : le temps requis pour s’occuper des veaux, le meilleur développement des génisses, un gain de trois mois sur l’âge au vêlage et une diminution des maladies. Désormais, les taures vêlent en moyenne à 22-23 mois, comparativement à 25-26 mois en 2013-2014. Étant donné que la croissance s’est améliorée, elles peuvent être saillies plus rapidement et vêler un peu plus tôt. Pour ce qui est du temps accordé aux soins des veaux, les producteurs gagnent environ une heure par jour par rapport à leur installation précédente puisque la tournée dans la pouponnière se fait plus efficacement. Finalement, l’essentiel est d’y aller sans compromis, d’opter pour le confort et une bonne ventilation.
Laurence Asselin, agr. Expert-conseil en production laitière, ruminants et équin