Publié le 19 octobre 2012
25 septembre 2012, la récolte des céréales étant maintenant loin derrière nous, celle de la fève soya tarde à débuter entre les divers épisodes de pluie qui nous affligent en cette seconde moitié de septembre. Même si la plupart des champs sont rendus à maturité complète, à peine 5 % de la récolte est présentement en silo, la folie des livraisons est quand même sur le point d’exploser. Si on se fie à la saison dernière, ce n’est pas moins de 350 000 tm qui se livreront aux différents ports (Montréal, Sorel, Trois-Rivières et Québec) dans les quatre prochaines semaines, pas étonnant que les flottes de camions soient fortement sollicitées à ce temps de l’année. D’autant plus que parallèlement à la fève soya, le maïs, de par sa maturité déjà atteinte, se récoltera en partie durant la même période.
Du côté américain, la récolte semble un peu meilleure qu’anticipée lors du dernier rapport de l’USDA de septembre. Ainsi, avec déjà plus de 30 % de la récolte en silo, l’optimisme est au rendez-vous. Par contre, le mal est déjà fait et ce ne sera probablement que de 2 à 4 boisseaux à l’acre de plus que prévu qui se rajouteront à leur rendement global. Malgré cet enthousiasme, les producteurs semblent portés à vouloir entreposer même si les ventes à l’exportation sont présentement très faibles.
Lors du dernier rapport de l’USDA, les rendements en maïs étaient estimés à environ 123 boisseaux à l’acre, soit très loin des prévisions du printemps où on lorgnait vers les 165 boisseaux à l’acre. Nous faisons donc face à une baisse impressionnante de 25 % par rapport aux prévisions de mai 2012. Compte tenu que le secteur industriel pompe énormément de maïs pour la transformation en éthanol et que les réserves de fin d’année étaient déjà à un niveau précaire, la situation des disponibilités va demeurer un énorme problème pour l’année à venir.
Les prix du maïs, après avoir atteint un sommet historique à tout près de 8,50 $ du boisseau, ont commencé à fléchir avec l’avancement rapide de la récolte. Ainsi, après avoir séjourné autour de 8,00 $ pendant environ un mois, les prix se sont mis graduellement à descendre faute de support, mais aussi soutenus par l’idée que la demande devenait difficile à justifier à ces niveaux de prix faramineux. La baisse de prix a, de son côté, été bénéfique pour le secteur de l’éthanol qui a repris son air d’aller avec l’amélioration de ses marges de transformation.
Localement, après avoir connu des prix à 350,00 $/tm en août et septembre, c’est plutôt à des prix près de 275,00 $/tm que se transigera le maïs lors de la récolte. Remarquez que ce prix payé à la récolte demeure historique puisque je crois que personne n’a jamais réussi à vendre à ce niveau. Combien de temps durera cette manne pour les producteurs de grain? Réponse : tant que les réserves ne reviendront pas à un niveau sécuritaire pour l’alimentation, d’autant plus que maintenant que les usines de transformation sont bien établies et que les politiques d’inclusion de l’éthanol à l’essence sont ancrées, il sera difficile de reculer.
La situation de la fève soya américaine, quoique moins drastique, représente elle aussi une baisse de production d’environ 15 % par rapport à ce qu’on prévoyait au printemps. Dans la fève soya, ce n’est pas tant la transformation mais plutôt la demande chinoise qui soutire la part importante de la production. Cette demande ne devrait pas aller en s’estompant dans les prochaines années même si les pays de l’Amérique du Sud sont devenus, depuis quelques années, des joueurs de premier plan dans la production de la fève soya, dépassant même la production des États-Unis en termes de quantité. L’Amérique du Sud doit, par contre, composer avec un réseau routier extrêmement déficient, de telle sorte qu’ils ont beaucoup de difficultés à acheminer leurs récoltes vers les ports pour l’exportation.
Pendant que les récoltes américaines et canadiennes s’activent, on parle plutôt des semis du côté du Brésil et de l’Argentine et pas nécessairement en bien puisque ceux-ci connaissent présentement des conditions relativement humides, ce qui pourrait être bénéfique pour les semis. Le Brésil doit aussi composer avec des problèmes de livraisons d’engrais occasionnés par le déchargement des cargos.
Côté blé, la situation ne semble pas plus reluisante puisque la Russie devra bientôt faire face à une décision importante en octobre, soit de possiblement fermer sa frontière aux exportations de blé pour ralentir la baisse de ses disponibilités et s’assurer d’avoir suffisamment de grain pour nourrir sa population, puisque son blé est très prisé. L’Australie est aux prises, de son côté, avec une sécheresse qui a quelque peu réduit sa production, tandis que du côté américain, nous assistons à un ralentissement des semis de blé d’hiver. Par contre, l’Inde tente de devenir un pays exportateur de blé et a récemment offert un lot de 50 000 tm. C’est quand même relativement peu puisque certains pays asiatiques sont présentement sur le marché des achats avec des commandes comme 1,2 million de tm en demande pour le Japon, tandis que la Corée du Sud et la Thaïlande recherchent aussi environ 130 000 tm pour les deux.
Du côté du marché boursier, pendant que le maïs et la fève soya reculaient, seul le blé semblait pouvoir conserver son niveau de prix au-dessus de 9,00 $/boisseau. Localement, la récolte de blé fut à toute fin pratique excellente cette année en termes de rendement et de qualité globale même si, dans certains cas, la protéine n’était pas au rendez-vous. Le niveau de toxine presqu’inexistant ne nécessitera pas de traitement spécial. Revenus à ne pas négliger, la paille a contribué, de façon assez marquée, à la rentabilité de cette culture cette année.
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De toute l’équipe, merci de nous faire confiance!
Par Jean-Pierre Aumont,t.p. Directeur service des grains, La Coop Novago