Publié le 28 novembre 2012
Un solide gestionnaire doit suivre attentivement ce qui se passe sur sa ferme et prendre les bonnes décisions pour en assurer la rentabilité. Mais il ne faut pas perdre de vue que l’avenir d’une entreprise peut aussi être influencé par des évènements qui se déroulent à l’autre bout de la planète. Voici un bref tour d’horizon de quelques éléments à surveiller au cours des prochains mois.
L’EUROPE ET LA CHINE
L’économie mondiale tourne au ralenti. Et certains facteurs menacent d’aggraver davantage la situation. À l’heure actuelle, le plus grand risque est la conjoncture dans la zone euro.
Quelles sont les conséquences pour le monde agricole? Il faut se rappeler que si la demande des produits agricoles est forte depuis quelques années, c’est en grande partie grâce à la vigueur des pays émergents. Une diminution prolongée de la croissance de ces pays, surtout de la Chine, aurait un effet domino sur les produits agricoles. Et puisque l’économie chinoise dépend encore largement de ses exportations dans les pays développés, il est important que l’Europe sorte de son marasme pour que la Chine garde son rythme de croisière.
Le ralentissement prolongé de l’économie mondiale semble aussi avoir un impact sur la consommation des viandes, du moins aux États-Unis. En effet, le revenu des ménages étatsuniens plafonne depuis cinq ans. Dans un contexte où le prix des viandes est à la hausse et que les gens n’ont pas plus d’argent dans leurs poches, on prévoit que la consommation annuelle de viande par Américain diminuera à moins de 200 livres en 2012 et 2013, une première depuis au moins 20 ans!
POLITIQUE SUR LES BIOCARBURANTS
Avec la sécheresse exceptionnelle de cet été et la flambée du prix des céréales, la pression risque de s’accentuer sur les politiques liées au biocarburant. Déjà, la FAO propose aux gouvernements de suspendre temporairement l’utilisation obligatoire de biocarburant, si le niveau des stocks de céréales continue de se détériorer.
Mais les résultats ne sont pas garantis. Par exemple, aux États-Unis, des économistes agricoles qui se sont récemment penchés sur la question sont d’avis qu’une suspension temporaire de la réglementation ne diminuerait pas radicalement le prix du maïs. Il faudrait plutôt interdire l’utilisation d’éthanol dans l’essence pour obtenir des résultats significatifs. Une telle mesure a très peu de chance d’être adoptée, considérant l’emploi et les retombées économiques que génère l’industrie de l’éthanol.
PARTENARIAT TRANS-PACIFIQUE
D’ici quelques semaines, le Canada fera officiellement partie du groupe de négociations du Partenariat Trans-Pacifique (PTP). Pour le gouvernement canadien, la participation à ces négociations (auxquelles participent aussi les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et le Chili, entre autres) est d’un intérêt économique et stratégique crucial.
Mais certains pays du PTP ont déjà signifié qu’ils souhaitaient une modification des politiques agricoles du Canada. Dans quelle mesure le gouvernement Harper devra-t-il céder pour obtenir des gains? Est-ce que les barrières tarifaires des produits sous gestion de l’offre seront revues à la baisse? Les opinions divergent à cet égard. Chose certaine, c’est à suivre de façon attentive…
Par Jean-Sébastien Laflamme, agr. Conseiller aux affaires agricoles, La Coop fédérée