Publié le 3 août 2015
Par Juan Pedro Sarramone, agr. expert-conseil en production laitière
En collaboration avec Jean-François Lemay, agr., conseiller spécialisé à La Coop fédérée
Comme vous le savez, l’ensilage de maïs est un fourrage important, voire stratégique, pour plusieurs producteurs laitiers. En effet, l’ensilage de maïs est une source importante d’énergie dans les rations pour vaches laitières. Des chercheurs de l’Ohio ont démontré que le prix d’une mégacalorie (Mcal) d’énergie nette pour le lait (Enl) avait pratiquement triplé depuis 10 ans, conséquence de la rareté du maïs due à l’augmentation de la production d’éthanol…
L’énergie de l’ensilage de maïs est directement reliée à sa teneur en amidon et fibre NDF. Il est donc important de récolter un produit de qualité, contenant le plus d’énergie possible. À l’American Dairy Science Association, Daniel Ouellette, chercheur d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, présentait les résultats d’une de ses récentes recherches, comparant la digestibilité de la matière sèche de différents hybrides d’ensilage de maïs. Cette recherche s’est échelonnée sur une période de trois ans, donc au cours de trois saisons climatiques différentes.
Il concluait que la saison, et donc la maturité des différents hybrides, avait une répercussion beaucoup plus grande sur la qualité des ensilages que les hybrides entre eux. Normand St-Pierre de l’Ohio State University a démontré que la matière sèche des ensilages de maïs était directement reliée à sa digestibilité et à sa consommation.
Que ce soit pour maximiser la consommation volontaire de matière sèche ou sa digestibilité (et donc son niveau d’énergie), on remarque que la matière sèche optimum à la récolte doit se retrouver entre 29 et 35 %. Randy Shaver de l’Université du Wisconsin a démontré qu’il pouvait y avoir jusqu’à 20 000$ de différence de revenu annuel en lait pour un troupeau de 100 vaches quand l’ensilage de maïs est récolté entre 30 et 35 % de MS vs < 25 % ou > 40 % de matière sèche.
Lorsque l’ensilage n’est pas assez mature (trop humide), c’est le manque d’amidon qui explique cette différence, alors qu’en haut de 35 % (trop mature) c’est plutôt la baisse de digestibilité de la fibre et de l’amidon. Tout dépendant de la structure d’entreposage, on devrait viser entre 30 et 35% de matière sèche (30 à 33% en bunker et 32 à 35% en silo-tour).
Mais vous savez déjà tout ça!
Certains diront que vous êtes déjà bien conscients de l’importance d’ensiler au bon stade, mais les analyses au laboratoire ont de quoi faire sourciller! On remarque que pour la dernière année, la moyenne a été de 38 % de M.S. : presque 70 % des échantillons avaient des teneurs en M.S. supérieures à 35 % et presque 30 % des échantillons ont eu des résultats supérieurs à 40 % de matière sèche. Comme démontré précédemment, cela représente des pertes importantes de production et d’argent. Même si on dit toujours que la température automnale a une grande importance sur la qualité de l’ensilage de maïs, quand on compare les plus beaux automnes (2010-2011) aux deux derniers, le bulletin n’est que légèrement meilleur.
On peut donc constater qu’il y a place à amélioration, peu importe la température. Il ne faut pas oublier qu’il en coûte le même prix pour produire un ensilage de qualité supérieure, et qui rapporte combien plus!
Un niveau de matière sèche optimal favorisera également le processus de fermentation. Un ensilage trop humide retarde la stabilité de ce dernier et augmente les risques de fermentation secondaire néfaste comme la production d’acide butyrique. D’un autre côté, un ensilage trop sec risque de favoriser une fermentation aérobie plus importante, et donc une perte de matière sèche et une détérioration de la qualité de l’ensilage.
Bien sûr, dans les silos de type bunker, le mode de compaction et la reprise journalière jouent un rôle important pour optimiser la fermentation et la stabilité de l’ensilage.
Dans de bonnes conditions de fermentation, on peut considérer que l’ensilage est stable à partir de trois à quatre semaines. Toutefois, il a été démontré que bien que l’ensilage de maïs se stabilise assez rapidement, la digestibilité de l’amidon continue de s’améliorer durant plusieurs mois.
Une étude française a par ailleurs démontré qu’entre le 50e et le 275e jour d’entreposage, il y avait une augmentation de la digestibilité de l’amidon de plus de 20%. Cela est très révélateur de l’apport en énergie de l’ensilage de maïs.
L’automne est la période durant laquelle vous devez normalement produire plus de lait : il y a les primes, sans compter qu’il est souvent payé plus cher. Cette période est aussi celle où le lait est plus difficile à produire, car l’ensilage de maïs n’est pas à son optimum de digestibilité et que, souvent, il est servi avant et durant le processus de fermentation. C’est pour cette raison que de plus en plus de producteurs s’équipent de structures d’entreposage de 15 mois pour l’ensilage de maïs. De cette façon, vous êtes certains d’avoir de l’ensilage fermenté tout au long de l’année et de profiter d’une digestibilité optimale durant l’automne, les mois où le lait est plus difficile à faire. Compte tenu des structures d’entreposage, cette stratégie n’est peut-être pas toujours facilement réalisable, mais elle mérite d’être évaluée.
En conclusion, la récolte de l’ensilage n’a lieu qu’une fois par année, autant y mettre toutes les chances de notre côté pour en tirer le maximum! Il ne faut pas seulement se fier à la date de récolte, au voisin ou à la ligne de lait. La Coop Agrivert vous offre de faire la prise d’échantillons au champ aux fins d’analyse de la M.S. avant la récolte. Contactez-nous pour tous les détails et maximiser votre récolte dès cette année!